Sentretenir avec un
buveur excessif qui nest pas encore dépendant
nest efficace que si l'on évite de le heurter.
Par exemple, on préfère
les questions ouvertes, comme :
« Comment vous voyez-vous
dans deux ans ? »
« Entre lalcool et vous, quest-ce qui
se passe ? »
« Quand êtes-vous tenté de boire ? »
« Des ennuis vous sont peut-être arrivés
à cause de vos consommations ? »
« Comment vos consommations vous auraient-elles
empêché de faire ce que vous vouliez ? »
« Comment vos consommations auraient-elles causé
du souci à votre entourage ? »
« Quest-ce qui marcherait si vous commenciez
à changer ? »
« Si vous continuez comme maintenant, quest-ce
qui pourrait vous arriver ? »
Reformuler les réponses
en écho pour explorer lambivalence, les contradictions,
le choix des moyens, les obstacles. Exemples :
- Echo nuancé :
« Vous avez raison de préciser que
On ny a peut-être pas suffisamment réfléchi. »
- Echo amplifié, en exagérant un peu :
« Vous pensez peut-être que
»
- Echo avec rappel dun propos contradictoire :
« En même temps, vous nenvisagez pourtant
pas, pour linstant, de rien changer. »
Accepter les convictions
du buveur sans les critiquer. Commencer par un compromis.
Les questions fermées
sont à réserver à un entretien ultérieur
pour mettre en balance les avantages à continuer,
les inconvénients à continuer, les inconvénients
à changer et les avantages à changer.
Les avantages
à continuer : votre expérience,
après boire ?
- Êtes-vous plus
optimiste ?
- Êtes-vous moins timide ?
- Êtes-vous plus attractif ?
- Vos soucis s'envolent-ils ?
- Êtes-vous plus entreprenant ?
- Est-ce que je vous vous endormez plus facilement ?
Les inconvénients
à continuer ?
- Davantage de risques
en conduisant ?
- Plus de peine à vous concentrer ?
- Vos performances : moins splendides ?
- Votre humeur : plus agressive ?
- Risque de faire mauvaise impression ?
- En train dêtre pris dans un engrenage
?
- Hypertension artérielle ?
- Autres risques pour votre santé ?
Les inconvénients
à changer ? Craignez-vous :
- De vous sentir tendu,
anxieux ?
- Dêtre moins brillant ?
- De trouver les fêtes moins drôles ?
- Dêtre plus énervé par les
coups durs ?
- De perdre un plaisir ?
Les avantages
à changer ?
- Conduiriez-vous moins
dangereusement ?
- Finies les gueules de bois ?
- Un meilleur sommeil ?
- Une meilleure image de vous ?
- Vous ferait-on moins de remarques en famille ?
- En temps ordinaire, seriez-vous mieux en forme ?
- Vous resterait-il davantage pour d'autres dépenses ?
Renforcer les sentiments
de liberté, defficacité en sappuyant
sur des succès passés.
Ces entretiens dits motivationnels consistent
à rouler avec la résistance en utilisant
lénergie quelle contient (WR Miller).
Chez les buveurs
menacés, la modération est possible,
mais à certaines conditions.
Après avoir longuement soigné toutes sortes
de buveurs à la Fondation des Addictions (à
Toronto, Canada), le docteur Martha Sanchez-Craig précise
ce quil leur a fallu faire pour réussir :
Commencer par deux
semaines de vie hors alcool, au cours desquelles aucun
signe de létat de manque ne doit apparaître.
Sinon, la modération ne sera plus jamais à
portée.
Être capable de sabstenir trois jours
par semaine.
Pas plus de seize verres par semaine pour un homme
et douze pour une femme.
Pas plus de quatre verres (de 125 ml, pour le vin)
dans une journée. Pour une femme, pas plus de trois.
Dans ce cadre, pas plus dun verre par heure.
Ne jamais boire seul.
Ne jamais boire pour noyer un chagrin.
Ne jamais utiliser lalcool comme médicament
(les trois clignotants rouges).
Lauteur insiste : La
consommation réelle de nos clients qui ont réussi
à devenir des buveurs modérés était
de moins de seize verres par semaine. Rappelons que ces
directives ne sadressent ni à la population
générale, ni aux rétablis après
dépendance, mais aux buveurs menacés après
avoir réussi une abstinence temporaire.
Toutes ces conditions montrent
que la modération est dhabitude plus difficile
à réussir que la vie hors alcool, pour celui
qui a été gros buveur.
Références