Quelles tentations prévoir ?
Les parents ont-ils repéré
si leur lycéen est plus vulnérable qu'un autre
aux tentations qui viennent du dehors et du dedans ?
Quels risques immédiats ? Quel avenir scolaire
et professionnel ?
Du dehors :
- les déceptions,
lisolement affectif, la timidité, un entourage
de buveurs excessifs, le fait davoir été
initié trop jeune à lalcool, le fait
de tenir lalcool mieux que dautres ? Curieusement,
beaucoup de malades de l'alcool, comme Jack London, n'étaient
nullement tentés par le goût de leurs boissons.
- Un choc affectif peut entraîner
un désir durable d'évasion. La presse a relaté
qu'en Finlande, dans les semaines qui ont suivi un récent
carnage dans un lycée, plusieurs garçons se
sont tenus immobiles à proximité, en buvant
de l'alcool jusqu'à l'ivresse. Les psychologues ont
remarqué qu'à la différence des filles
ils étaient peu capables d'exprimer leur ressenti.
- Ne pas participer à
des tournées.
- Des
cafés soldent quotidiennement des boissons alcoolisées
durant les Happy hours.
- Les boissons alcoolisées sucrées :
les industriels visent leurs clients pré-adolescents
amateurs de goûts sucrés. Plus les pré-adolescents
seront buveurs jeunes, plus facilement ils deviendront accrochés
d'addictions.
- En discothèques,
la profusion de décibels pousse à boire pour
rechercher leffet anesthésique de lalcool
contre la douleur auditive.
Plus le son est intense et plus il fait chaud, plus il se
vend d'alcool.
En discothèque, la seule eau quon trouve à
boire est leau chaude des toilettes.
À la longue, les
oreilles fatiguent, comme chez les jeunes qui mettent le
son au maximum sous le casque : il en résulte
une surdité partielle qui amène à se
réexposer au bruit, en cercle vicieux. Dès
leur début, les pertes auditives sont définitives.
- Les adeptes de sports collectifs,
garçons et filles, organisent souvent des beuveries
lors desquelles ils visent à des records.
- Les matches de rugby se regardent en buvant.
- Le harcèlement au travail peut pousser à
salcooliser.
- La densité des débits de boisson est corrélée
avec les consommations dalcool, les violences et les
crimes dans les populations desservies (Campbell).
Du dedans :
- Un tempérament
dépressif non diagnostiqué, un caractère
anxieux, impulsif, fugueur, avide de sensations fortes,
intolérant aux frustrations, une fascination pour
les drogues sans drogues (être toxico
des jeux débiles, des sites Internet débiles,
de la télé, des excès sportifs, des
jeux de hasard, etc.), un comportement moutonnier ?
- Le besoin d'évasion,
l'aventure sont à la racine de bien des beuveries
d'adolescents.
- L'attrait d'une expérience ?
Le lendemain d'une
ivresse, il en dit une gloire mais qu'en reste-t-il dans
sa mémoire ?
Quels risques
immédiats ?
Un lycéen se croit inoxydable.
Plutôt, les beuveries, les répétitions
d'ivresses, le jeu pathologique, les grossesses et contaminations,
et les accidents sur route.
Les beuveries des adolescents,
étudiées comparativement aux Pays-Bas dans
près de mille cas, ont eu pour conséquences :
- accidents,
- incendies (Lindberg).
- rapports sexuels indésirés, grossesses indésirées
(Ingersoll).
- suicides impulsifs (Conner, Boenisch).
- dérives pénales.
- ultérieurement, quatre fois plus de dépendances
alcooliques.
Les rave-parties sont de longues
beuveries assorties de distributions de drogues qui commencent
par l'ecstasy. Les morts sur place sont bien moins nombreuses
que les accidents routiers consécutifs et les insuffisances
rénales consécutives aux coups de chaleur.
Il s'imagine que cela ne
durera pas plus qu'une cuite mais, si les ivresses se
répètent, on devient moins performant
dans tous les domaines, avec des déficits de lattention
et de la mémorisation (Crego).
Les consommations de cannabis, tabac et autres drogues s'ajoutent.
Cette dégradation est insidieuse, et l'intéressé
n'en est pas conscient.
Le jeu pathologique
a atteint 6,5% des consultants de 55 centres daddictologie,
auxquels sajoutaient 12% de joueurs menacés.
Les rétablis de lalcool ne se sont pas rétablis
du jeu (ANPAA).
Chez les consommateurs decstasy,
lalcool ajoute détresse psychique (Kinner),
paranoia, irritabilité, confusion (Fisk).
Parmi les agressions sexuelles
subies par les filles, 6% surviennent lors de "fêtes"
à leur domicile, mais 29% lors de "fêtes"
ailleurs (Young).
Faire boire les filles est une stratégie pour obtenir
leurs faveurs contre leur gré. 44% des filles se sont
laissé faire. Les 28% de garçons qui lont
fait nn'ont pas eu conscience d'une traîtrise, déclarant
que celles qui lacceptaient étaient de murs
faciles (Romero-Sanchez).
Demandez à un chauffeur
de taxi qui travaille la nuit et en fin de semaine dans
quel état on lui propulse les filles saoules. Combien
de grossesses ont démarré dans lalcool ?
Combien de contaminations ?
Les lycéennes alcoolo-droguées enceintes ne
sont pas rares et beaucoup continuent à boire aux
dépens de leurs ftus.
Les porteurs du virus du sida
négligent le préservatif quand ils ont trop
bu (Kiene).
Le GHB, qui na
aucun goût, se verse facilement dans un verre de jus
de fruits, et la fille ne garde aucun souvenir de ce qui
lui est arrivé pendant les trois quarts dheure
qui précèdent son réveil. Aux parents
de mettre en garde.
Des jeunes ont cru faire une
économie en distribuant du GBL (gamma-butyrolactone),
un solvant de peinture et produit de nettoyage censé
se transformer en GHB dans l'organisme. Les consommateurs
se sont retrouvés à l'hôpital dans le
coma.
Une mode récente consiste
à danser toute la nuit en se soutenant par une boisson
gazeuse sucrée, le R.B., qui contient de la caféine
et un autre stimulant, théoriquement inoffensif,
la taurine éventuellement remplacée par larginine.
Y ajouter largement de la vodka permet de tenir encore debout
jusquau matin en étant ivre, mais ce mélange
est loin dêtre inoffensif. Il exposerait à
des comportements violents. Le lendemain, le consommateur
est épuisé. C'est un chemin vers la dépendance
(Arria). Des morts ont été signalées.
Sur route, en deux-roues
comme en voiture, les
médias ont relaté que la moitié des conducteurs
accidentés durant les nuits de fin de semaine et âgés
de 18 à 24 ans étaient en alcoolémie
dépassée. Une alcoolémie dépassée
multiplie pa huit le risque d'être responsable d'un
accident mortel. Voir les détails sur les
contrôles et les sanctions.
Les médias
ne parlent que des morts sur les routes, oubliant qu'il
y a plus de dix fois plus de blessés que de
morts. Cet oubli choque les personnels des hôpitaux.
Parmi les blessés, combien sont voués au fauteuil
roulant, aux crises d'épilepsie, à des handicaps
psychiques définitifs ! Dans les hôpitaux,
les admissions en soins intensifs sont souvent liées
à l'alcool (Uusaro).
Un adolescent
se croit invulnérable.
Par contre, serait-il ravi d'avoir condamné au fauteuil
roulant une personne à laquelle il tient ?
Comment
l'alcool rend-il un conducteur dangereux ?
D'abord, en le rendant insouciant de la ceinture,
du casque, de la signalisation, de sa vitesse et de tous
les risques. Le temps de réaction est allongé.
Les yeux deviennent trop sensibles à l'éblouissement
et trop peu sensibles aux distances ainsi que vers la droite
et la gauche. La coordination des mouvements est perturbée.
Trop peu de
gens savent avec quelle lenteur l'alcoolémie redescend :
0,15 g/l seulement par heure, autrement dit une heure
par verre en trop. Aucun truc n'accélère
cette descente.
Quant aux
jeunes qui se seraient enivrés, qu'ils ne prennent
pas de médicament contenant du paracétamol
contre la gueule de bois : ce serait désastreux
pour leur foie.
Chacun connaît
la limite légale de l'alcoolémie au volant :
0,5 g/litre dans le sang, ce qui équivaut
à 0,25 mg par litre d'air expiré. Pour
la dépasser, il suffit de trois verres (vin,
bière, apéritif, pastis, whisky), tels qu'ils
sont versés au comptoir.
En
outre, certaines bières "fortes" apportent
40 grammes d'alcool par verre au lieu des 10 grammes
traditionnels au comptoir.
À une
alcoolémie de 0,5 g/litre, le risque d'accident
est déjà doublé. Ce risque est multiplié :
par cinq à 0,7 g/l ; par 10 à 0,8 g/l ;
par 35 à 1,2 g/l ; et par 80 à
2 g/l (Source : Sécurité routière).
Le risque est encore multiplié si le conducteur est
aussi sous l'influence du cannabis ou d'une autre drogue.
Cette progression
explique l'échelle des sanctions applicables.
- À
0,8 g/l, (ou en cas de refus du contrôle),
c'est 3 ans de suspension ou d'annulation du permis
avec retrait de 6 points, immobilisation du véhicule,
plus deux ans de prison et 4.500 euros d'amende.
La sanction est aggravée en cas de récidive
ou de présence d'une drogue illicite. En cas de
blessures "involontaires", l'incarcération
va de 3 à 5 ans, le permis peut être
retiré pour dix ans et le véhicule
est confisqué.
- Entre 0,5 et 0,8 g/l , c'est jusqu'à
3 ans de suspension du permis, un retrait de six
points et 750 euros d'amende. En cas d'usage concomitant
de stupéfiants, l'amende atteint 9.000 €.
Les contrôles routiers se font couramment même
en l'absence d'infraction. Aux familles de ne pas se fâcher
contre les contrôles de gendarmerie aux abords des
discothèques : ils sauvent des vies.
- En cas de condamnation judiciaire la compagnie d'assurances
n'indemnise ni pour les blessures du conducteur, ni pour
les dégâts du véhicule. La prime d'assurance
peut être lourdement majorée, voire le contrat
résilié.
- La provocation
à l'usage excessif d'alcool est punie de 2 ans
de prison et de 45.000 € d'amende.
- La vente de boissons
alcooliques à des mineurs est punie d'une amende
de 3.750 €. L'offre gratuite d'alcool à
des minsurs dans des commerces ou lieux publics est punie
de la même amende.
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Tient-il à l'amour et à l'amitié ?
« Ça tue lamour ! »
sest écriée lépouse
dun malade de lalcool lors de lémission
Se libérer de lalcool sur la
2 le 29.09.09. Elle exprimait à quel point lentourage
souffre, dautant plus quil est plus aimant.
Lors de cette émission, les rétablis de
lalcool, eux, ont paru oublieux de leurs coups
portés à lamour et de la souffrance
infligée.
Plutôt dire « Ça
endort lamour ! », tant le rétablissement
de lamour ira de pair avec celui de lalcool :
une chaleur affective inattendue, qui fera les délices
du partenaire fidèle.
Quant à l'amitié,
le cercle des buveurs n'en donne-t-il pas une caricature
minable ? Les vrais amis, eux, n'ont-ils pas pris
le large ?
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Sa liberté ?
Tout le monde tient à sa liberté.
Le lycéen sait-il qu'on peut devenir accroché,
esclave de l'alcool, comme avec une drogue dite dure ?
Cela arrive petit à petit, sans bien s'en apercevoir,
par paliers.
La première
étape de la dépendance alcoolique,
c'est d'être incapable, tous les jours, de s'arrêter
après le deuxième ou le troisième
verre. L'intéressé ferme les yeux sur
son impression d'être pris dans un engrenage.
L'étape
suivante de la dépendance alcoolique, c'est
la galère de l'état de manque matinal,
qui ne se calme qu'avec l'alcool. Il est alors évident
que le buveur est alcoolique,
c'est-à-dire
malade de l'alcool, mais c'est bien avant cette
étape qu'il a perdu une partie de sa liberté.
La liberté
qui est perdue, c'est la liberté de boire modérément.
Elle est perdue pour toujours.
Quand la dépendance
survient, c'est en moyenne vers lâge de
trente ans environ.
De tous les états de manque, celui de l'alcool
est le seul à mettre la vie en danger, sous la
forme du delirium tremens. Ainsi, quand l'alcool est
devenue une drogue pour le consommateur, il est au moins
aussi dur que les plus dures.
Le lycéen acceptera-t-il
de lire un livre écrit par un rétabli
de lalcool, comme Lucien, Jack London, Laure
Charpentier ? Regardera-t-il lauto-questionnaire
Tabac,
alcool : où en suis-je ?
que ses parents peuvent copier-coller et imprimer
à partir de ce site ?
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En famille, prévoir toutes les situations :
Quels exemples donnent
les parents ?
Bien des parents demandent
comment parler à un lycéen tenté
par lalcool. À cet âge, on ne peut
que lui dire : « C'est à
toi de peser le pour et le contre. » Encore
heureux s'il pose des questions sur le pour et le contre
Les grands-parents
pourront-ils rattraper ce qui aura manqué,
sachant qu'il n'y a pas de conflit entre l'adolescent
et eux ?
On ne dit pas la même
chose à tout le monde. Les parents voudront-ils
examiner au préalable où ils en sont eux-mêmes,
en fait de cannabis, de tabac et dalcool ?
Où en sont les éventuels aînés
du lycéen ? Quelle est lambiance dans
la famille, comme indiqué plus haut ?
Ne comptez pas sur
les programmes de prévention proposés
dans les collèges et lycées sans impliquer
les parents d'élèves : les résultats
ont été décevants (Babor, Foxcroft).
Toutefois, si le programme scolaire de prévention
a été précédé dune
intervention des parents instruits par un livret,
le comportement des adolescents est favorablement
influencé (Turrisi, Norström).
Dès l'âge
de trois ans, leurs parents ne les ont-ils entraînés
à faire face à leurs contrariétés ?
Puis à ne pas dire oui à toutes leurs
envies, en moutons de la publicité ?
Le besoin d'évasion
peut aussi être signe d'un manque de confiance
en soi, parfois d'une peur des autres ou de soi-même
(Batel). Leurs parents leuront-ils donné assez
d'occasions de réussites, par exemple
dans des sports de santé ?
- Comment entraîner
l'adolescente à refuser le verre en trop :
« Merci, mais aujourd'hui je me shoote
aux juits de fruits !» ou
« Au fond, pourquoi veux-tu me faire
boire ce verre en trop ?
- Lors dune
fête à votre domicile,
Fixer le nombre d'invités, le budget, l'heure
de la fin et du rangement. Abriter les objets précieux.
À vous, parents, dêtre présents
dun bout à lautre. Au lieu dopen
bar, cest vous qui verserez à boire les
boissons alcoolisées ou non. Si on vous demande
pourquoi, répondez que si un invité
ivre se blesse ou blesse quelquun, chez vous
ou au retour, celui qui la abreuvé peut
être poursuivi.
- Un buveur pourrait tromper votre vigilance. Un conducteur
sobre pourra-t-il le ramener ? Avez-vous sous
la main le numéro de téléphone
dun chauffeur de taxi ? (D'après
Vous recevez des amis ? Centre de
toxicomanie et de santé mentale).
Vos plus jeunes enfants,
s'ils sont invités, sont-ils assurés
que leurs fêtes resteront sans alcool ? Lheure
de leur retour a-t-elle été convenue ?
Ont-ils un téléphone portable pour le
cas où la soirée tournerait autrement
quils ne prévoyaient ?
- Qu'ils refusent de
monter dans le véhicule d'un inconnu tel qu'un
"ami d'ami" ; ou dont le pilote aurait
dépassé trois verres d'une boisson alcoolisée
ou serait sous l'influence d'une drogue.
- Si un conducteur espère être resté
modéré, qu'il souffle dans un éthylotest
à usage unique qui coûte environ un euro.
- S'organiser autour d'un "conducteur désigné"
qui ne boira pas d'alcool et reconduira les buveurs
à bon port. La motocyclette n'offre pas facilement
cet avantage. Le "conducteur désigné"
est efficace dans l'immédiat mais il a l'inconvénient
d'encourager les autres à boire beaucoup trop
et à en prendre l'habitude, ce qu'encouragent
les professionnels de l'alcool.
- À défaut, finir la nuit dans un logis
où un adulte est présent, ou dans une
chambre d'hôtel à proximité, ou
rentrer en taxi ou à pied
Interdire dacheter
(ou transporter ?) des boissons alcoolisées
avant lâge de 18 ans (Bouthoom).
Lobjectif nest
ni une prohibition, ni de supprimer les overdoses
dalcool mais den réduire de moitié
la fréquence, par exemple. L'objectif est aussi
de protéger par priorité les plus jeunes.
Plutôt interdire de transporter de lalcool
au-dessous dun certain âge, ce qui est
vérifiable sur la voie publique, que dinterdire
den acheter.
A-t-on demandé
au lycéen ce quil pense du dopage ?
Admet-il que cest tricher par rapport aux
autres et aussi par rapport à soi-même ?
Cest vouloir se faire des illusions sur ses capacités.
Les drogues et lalcool, comme le dopage, servent
à se faire du cinéma à soi-même.
Par exemple, les gros buveurs font des récits
glorieux de leurs cuites, alors quelles ont été
minables. A-t-il déjà connu un malade
ou une victime de lalcool (ou du cannabis + alcool)estropié
sur la route ?
Apprendre qui respecter
est une base de l'éducation. Est-ce se respecter
soi-même que de se "défoncer" ?
Sait-il quun demi-litre de bière forte
ou de vin sont-ils presque équivalents ?
Éduquer, c'est
aussi transmettre le goût d'être vrai.
Est-il vrai avec lui-même, celui qui altère
son propre psychisme ?
Toute action sera toujours insuffisante, tout succès
ne sera que partiel, mais cela ne veut pas dire échec.
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