Parler en famille va bien
au-delà d'informer mais, quand il s'agit d'informer,
la période utile est courte.
C'est à l'âge
de 11 ans
que l'enfant est le plus réceptif à
cette conversation. Les occasions se trouvent en lui apprenant
à faire la cuisine.
Avant, il est rarement intéressé. Après,
il croit rarement ce que lui disent ses parents
Éviter
à l'enfant d'être initié à
l'alcool trop jeune, c'est réduire le risque qu'il
y prenne goût à l'excès et qu'il devienne
plus tard dépendant. C'est ce qui est arrivé
à Jack London.
La première
ivresse et la première consommation de cannabis
surviennent dans lannée suivant celle de
linitiation à lalcool. C'est entre
11 ans et 15 ans que les ivresses augmentent
le plus vite = 6% à 11 ans, 16% à
13 ans, 41% à 15 ans (Godeau).
À 17 ans, 25% des jeunes ont été
ivres au moins trois fois dans l'année et 10% au
moins 10 fois.
Les statistiques ont confirmé le risque accru de
dépendance alcoolique et d'accidents routiers chez
les enfants initiés à l'alcool à
14 ans ou avant. La plupart fumeront du cannabis
et 40% seront poursuivis pour conduite d'un véhicule
sous l'influence du cannabis. Ils ont un risque accru
de consommer d'autres drogues illicites et de faire des
tentatives de suicide.
Est-il
plus vulnérable qu'un autre ?
Les indicateurs de risque
Certains parents sont curieux de voir si leur rejeton tient
bien l'alcool. Malheureusement,cette qualité de bien
tenir l'alcool dénote une prédisposition
à la dépendance, c'est-à-dire à
l'alcoolisme : les prouesses admirées ne tendent
que trop à se répéter
Il a fallu
attendre 2009 pour que le rôle de largent
de poche soit étudié. En Caroline du nord,
quand il dépasse la moyenne, la fréquence
des ivresses double (Martin).
Bien entendu,
rien n'interdit aux parents de laisser tremper les lèvres,
puis d'enseigner à discerner les différences
entre les vins, mais pas avant l'âge de 12 ans.
Cela, sans laisser traîner des bouteilles ou des verres
non vidés.
Si un
indice de vulnérabilité, de prédisposition
à l'abus d'alcool a été
remarqué chez le jeune, il est d'autant plus nécessaire
d'engager les conversations.
A-t-il montré trop
d'intérêt pour le cannabis ou d'autres drogues ?
Se comporte-t-il en toxico du sport ou d'autres "drogues
sans drogues" comme les jeux vidéo et autres
écrans fascinants, les coups de téléphone
sans fin, les conduites à risque ?
Une tendance dépressive,
anxieuse ?
Une hyperactivité avec déficit de l'attention ?
Une "personnalité antisociale" ?
Une impulsivité ? Un goût excessif pour
les sensations fortes (Shin) ?
Un conformisme moutonnier ?
Un lien génétique
paraît associer lappétence pour les goûts
sucrés et pour lalcool (Fortuna).
Les ivresses réitérées sont plus fréquentes
chez les jeunes sortis du milieu scolaire, ou de familles
fortunées, ou de familles dagriculteurs, ou
de parents séparés, ou ne vivant pas chez
leurs parents (IREB).
L'enfant a-t-il vécu
dans une famille éprouvée par des
drogues, trop d'alcool ou de violence ? Le risque
de maladie alcoolique est accru en cas, dans lenfance,
de parents atteints daddictions, de violence parentale,
et dabus sexuels subis par les filles (Fenton).
Néanmoins, cest
surtout le fait dêtre adolescent qui rend vulnérable
aux addictions. Les ados qui se sont laisser accrocher
au tabac navaient pas plus de mal-être que les
autres.
La plupart des ados accrochés
le sont devenus comme des moutons : moutons de
leurs groupes.
Cest physiologique. Pour tenir ensemble sur notre
planète, nous ne pouvons plus rester chasseurs-cueilleurs.
Ladolescent a donc à se différencier
dans ses rôles futurs, donc à se différencier
de ses parents. Perdant alors un point dappui, ladolescent
en cherche un dans un groupe. La liberté quil
garde, cest le choix de son groupe.
De
quels risques parler ?
À la différence du lycéen, l'enfant
de 11 ans est sensible à ce que ses parents
lui diront des risques, de l'avenir
éloigné du buveur excessif. À
13 ans, leurs connaissances sur les dangers sont fragmentaires.
Déjà, ils ne se comportent pas toujours en
conséquence (Fraga).
Ce buveur démolira
ses amitiés et son amour, comme le drogué.
Les violences routières, les violences familiales,
divorces (Ramisetty-Mikler) et abandons de famille
sont monnaie courante.
473 femmes ont subi des viols, sous linfluence dalcool
et de drogues et souvent privées de condoms à
Genève (La Harpe).
Dans les paris et autres jeux d'argent, de nombreux gros
buveurs ruinent leurs familles.
Les
souffrances infligées à l'entourage,
notamment aux enfants, sont dévoilées dans
L'enfant
d'alcoolique
Que l'alcoolo-dépendant
se transforme en délinquant,
les exemples ne manquent pas, depuis le chef de chantier
égyptien Paneb, vers 1778 avant notre ère.
Ses hautes fonctions lui ont assuré une vingtaine
d'années d'impunité.
Plus des trois quarts des interventions nocturnes des
gendarmeries
concernent des violences où l'alcool est en cause.
Le gros buveur
est menacé dans sa santé :
33.000 décès annuels
sont attribuables à l'alcool, dont 1.400 suite à
des accidents routiers
(OFDT).
- infarctus (sur
un coeur imbibé dalcool et de nicotine, le
premier infarctus est souvent foudroyant) ; troubles
du rythme du coeur (la "fibrillation auriculaire
du lundi"), hypertension ;
- cancers de la gorge et de l'oesophage, cirrhoses
alcooliques, hépatites C plus fréquentes
chez eux, soignées sans assiduité et plus
génératrices de cirrhoses (Dally, Canva) ;
- atteintes des muscles, des nerfs, de la vision ;
dents négligées ; anxiété,
insomnie ;
- ivresses mortelles ; ivresses entraînant
des fractures, notamment chez les personnes âgées ;
- dépression, suicide : La qualité
de vie finit par devenir exécrable (Welsh,
Foster). Un suicidé sur trois est un alcoolo-dépendant,
un alcoolo-dépendant sur sept se suicide (Kolves).
La grande dépendance alcoolique fait plus que doubler
la mortalité vingt ans plus tard (Fichter).
Le gros buveur abîme
encore sa santé parce qu'il est presque toujours
un gros fumeur et qu'il est souvent consommateur
de drogues illicites.
Le
gros buveur est menacé dans ses facultés
intellectuelles, à commencer par la conscience
de ses excès et des dommages qui en résultent,
ainsi que la mémoire.