Deuils après suicides :
évaluer
les services rendus
par les postventions

Après suicides,
comment apprécier les services rendus
par les groupes d'entraide
et par la postvention scolaire ?

Révision : 06.07.2013       Translate

Trois points essentiels :

• Les participants sont interrogés sur ce qui a changé dans leur vie depuis un ou deux ans.
• Ces questions proviennent des expressions spontanées des personnes en deuil.
• Elles permettent de comparer les entraides avec les aides professionnelles.

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Les services rendus par les groupes d’entraide des personnes en deuil après suicides sont attestés par les témoignages des “survivants” qui en ont bénéficié depuis plus de 15 ans (Dunne 1987), et par le développement de ces groupes en Amérique du Nord avec l'encouragement des sociétés scientifiques. Aux Etats-Unis, au moins 417 groupes sont en activité. Les groupes d’entraide ont été jugés utiles par 94% de ceux qui y ont participé (McMenamey).

Il revient à chaque animateur d’examiner comment progresse le recrutement de son groupe.
S'il veut aller plus loin, l'objectif de cette Page est de lui offrir un questionnaire en vue d'évaluer son entraide ou les postventions scolaires après suicides.

Les services rendus par les sites Internet ne peuvent pas être évaluée par leurs webmestres (Krysinska).

Questionnaire d'évaluation
d'un groupe d'entraide

Les questions proposées ci-après interrogent sur ce qui a changé dans la vie de la personne en deuil, par exemple un an après son adhésion à un groupe auquel elle a été assidue au moins à huit réunions.

Les questions peuvent être copiées-collées, puis imprimées à partir de cette page et remises à la personne en deuil en la priant d'inscrire éventuellement ++, + ou zéro à la suite de chaque question.

Qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis un ou deux ans ?

Inscrire ++, + ou zéro suivant l'importance des changements constatés.

J’ai moins de difficulté à en parler.
L’avenir me fait moins peur.
Je rumine moins le moment du choc.
Je me pose moins de questions sur le pourquoi du suicide.

Mon sentiment de culpabilité est moins fort.
Je me sens moins déprimé.
J'ai accepté l'aide d'un professionnel.

J'ai persévéré dans le traitement antidépresseur, s'il m'a été prescrit.
Je suis moins tenté par l'alcool, les drogues, les tranquillisants.
Je ne pense plus à me suicider à mon tour.
J'ai fait disparaître de mon domicile tout ce qui pourrait servir à se tuer.

J’ai remis de l’ordre dans mes priorités.
Je me sens mieux capable de faire face à mes difficultés.
J’ai l’impression d’avoir grandi intérieurement.
J'ai retrouvé un sens à ma vie.

Je m'isole moins.
Je suis plus attentif et compréhensif pour les autres.
En famille, nous sommes capables d'en parler.
Je vis davantage dans la confiance.
Notre couple a évité la rupture.
Les moments heureux me mettent moins mal à l'aise.

Je veille à ce qu’il fasse bon vivre autour de moi.
Je suis devenu capable de visiter et d’aider d’autres personnes en deuil après suicide.
J'ai participé à un service d’écoute téléphonique, à un affichage, à une vidéo, à une action collective de prévention ? (OMS)

Parmi les progrès envisagés ci-dessus, soulignez ceux pour lesquels l'aide la plus efficace vous est venue du groupe.

L’animateur d’un groupe peut confier ce questionnaire à tous les endeuillés qui auraient participé à huit réunions, par exemple. Cela, six mois à un an après leur première apparition dans le groupe.

Les réponses les plus importantes sont probablement celles qui manifestent un changement de comportement. Répétons-les ci-dessous :

• J'ai accepté l'aide d'un professionnel.
• J'ai persévéré dans le traitement antidépresseur, s'il m'a été prescrit.
• Je me passe d'alcool, de drogues, de tranquillisants.
• J'ai fait disparaître de mon domicile tout ce qui pourrait servir à se tuer.
• Je m'isole moins.

• En famille, nous sommes capables d'en parler.
• Notre couple a évité la rupture.
• Je suis devenu capable de visiter et d’aider d’autres personnes en deuil.
• J'ai participé à un service d’écoute téléphonique, à un affichage, à une vidéo, à une action collective de prévention ? (OMS)

Dans l’interprétation des résultats, on tiendrait naturellement compte de l’aide individuelle que l’endeuillé aurait reçue d’un professionnel.

Évaluation de la postvention scolaire

Des questions supplémentaires sont proposées dans la Page
Suicide_lycée_prevention.htm.

Discussion.

On évaluera tour à tour les critères proposés par le questionnaire et l'efficacité de ce questionnaire

Discussion des critères proposés par le questionnaire

Des critères autres que le suicide se trouvent dans les questionnaires construits par les psychologues en vue d’évaluer les sentiments de deuil ou de détresse post-traumatique, par exemple le GEQ utilisé par Callahan (2000) et le HGRC de Nancy Hogan (2001).

La plupart des questions proposées ci-dessus ces questions sont tirées du questionnaire HGRC de Nancy Hogan. Ce questionnaire n'est pas constitué par les idées préconçues de l'auteur, mais par les expressions spontanées des personnes en deuil.

Ces questions sont assez peu nombreuses pour rendre l'interrogatoire tolérable dans le contexte difficile du deuil après suicide.
Il reste à vérifier pour le moins la reproductibilité des réponses dans l’épreuve test-retest.
Interroger sur chaque item séparément est un moyen de les sélectionner et de différencier leur poids en fonction des résultats.

Même si les questionnaires passés en revue par Neimeyer et Hogan (2001) satisfaisaient pour la plupart aux contrôles psychométriques usuels, ils se prêteraient mal à évaluer une efficacité thérapeutique.

En effet, les concepts médicaux de constance, de spécificité, et d’inégale valeur des symptômes en vue d’évaluer les services rendus sont étrangers à ces questionnaires où les items sont d'un poids égal, en si grand nombre et si souvent agglutinés que les variations utiles risquent de ne pas se dégager significativement.

J'ai ajouté des questions particulières à la détresse post-traumatique et au deuil après au suicide, mais je répète que la détresse post-traumatique relève des professionnels et contre-indique les groupes d'entraide tant qu'elle dure (Freud 1917, Farberow 1967, Sheskin 1976, Farberow 1987).

La première étape est alors de libérer la parole par le "debriefing". En l'absence de comparaisons avec tirage au sort, l'efficacité a été tantôt admise (Joseph 1993, Kenardy 1996), tantôt contestée (Deahl 1994, Raphael 1995). Les critères étaient la présence de troubles psychiatriques, mais ces évaluations négligeaient par exemple les blocages de la parole et de l'affectivité. La seconde étape relève du neurologue spécialisé (Fauré) : le critère du succès est la disparition des incessants retours du choc éprouvé lors de la révélation du suicide.

Discussion de l'efficacité de ce questionnaire

Actuellement, démontrer la réalité du service rendu est la priorité, avant d'en expliquer le mécanisme.
Plusieurs publications sont déjà favorables : Hatton 1981 et Farberow en 1992 pour des groupes animés par des professionnels, Pfeffer 2002 pour des groupes d'enfants en deuil après suicide, et Constantino 2001 comparant deux groupes de veuves après suicides, dont un seul était animé par des professionnels.

Les changements constatés concernaient la dépression, le ressentiment et l'adaptation sociale. L’impression d’échec publiée par Callahan en 2000 et par Jordan 2004 peut n'être que provisoire si l'on change d'outils d'évaluation.

L'évaluation par tirage au sort des groupes d'entraide des personnes en deuil après suicide n'est pas possible en France, où la cause suicidaire des décès est tenue secrète.
Il reste possible à des groupes d'être comparés, avec ou sans la présence de professionnels. Autrement dit, de comparer les entraides avec les aides professionnelles.

Plusieurs de ces items se réfèrent à une souffrance ou à un risque important.
Si un petit nombre de ces items témoignait fréquemment d'un changement attribué principalement aux groupes d'entraide,
cela suffirait : non pas pour admettre que l'efficacité soit démontrée (en l'absence de tirage au sort),
mais, en pratique, assez pour promouvoir les groupes d'entraide.

C'est dans les établissements d'enseignement qu'on peut procéder par tirage au sort, si leurs proviseurs et principaux comprennent que le tirage au sort est éthique, et s'ils se concertent sans attendre les suicides. Voir :
Suicide au lycée, postvention : à long terme, prévention du suicide

RÉFÉRENCES SUR L'EVALUATION

- Besançon F. Evaluating postventive actions after suicides. Communication par affiche au XXII World Congress of the International Association for Suicide prevention (IASP),  Stockholm, 10-14 septembre 2003. Stockholm Convention Bureau édit. p. P 2: 3
- Callahan J. Predictors and correlates of bereavement in suicide support group participants. Suicide Life-Threatening Behav 2000; 30 (2): 104-124
- Cerel J, Jordan JR, Duberstein P. The Impact of Suicide on the Family. Crisis 2008; 29(1): 38-44
- Constantino RE, Sekula LK, Rubinstein EN. Group intervention for widowed survivors of   suicide. Suicide Life Threat Behav 2001;31(4):428-41.
- Deahl M, Gillham A, Thomas J, Searle M, Srinivasam M. Psychological sequelae following   the Gulf war: factors associated with subsequent morbidity and the effectiveness of psychological debriefing. Brit J Psychiatry 1994; 165: 60-65
- Dunne E, McInosh J, Dunne-Maxim K. Suicide and its aftermath: understanding and counselling the survivors. New York, Norton 1987
- Farberow NL. Crisis, disaster and suicide: theory and therapy. In Shneidman E: Essays in self-destruction. New York, Science House 1967
- Farberow NL, Gallagher DE, Gilewski MJ, Thompson LW. An examination of the early impact of bereavement on psychological distress in survivors of suicide. The Gerontologist 1987; 27: 592-598
- Farberow NL. The Los-Angeles Survivors-after-suicide program. Crisis 1992; 13: 23-34
- Freud S (1917). Introductory lectures in psychoanalysis. In Strachery J: The standard edition of the couple psychological work of S. Freud. Volume XVI London, Hogartt press
- Gunnell D, Frankel F. Prevention of suicide: aspirations and evidence. Brit Med J 1994; 308 (6938):1227-1233
- Hanus M. Le deuil après suicide. Paris, Maloine 2004
- Hatton CL, Valente SM. Bereavement group for parents who suffered a suicidal lost of a child. Suicide Life Threat Behav 1981; 11: 141-150
- Hogan N, Greenfield DB, Schmidt LA. Development and validation of the Hogan Grief Reaction Checklist. Death Stud 2001; 25: 1-32
- Jordan JR, McMenamy J. Interventions for suicid survivors: a review of literature. Suicide and Life-Threatening Behav 2004; 34 (4): 337-349
- Joseph S, Yule W, Williams R, Andrews B. Crisis support in the aftermath of disaster: a longitudinal perspective. Br J Clin Psychol 1993; 32 (Pt 2): 177-185
- Kenardy JA, Webster RA, Lewin TJ, CARR VJ, Hazell PL, Carter GL. Stress debriofing and patterns of recovery following a natural disaster. J Trauma Stress 1996; 9 (1): 37-49
- Krysinska K, Andriessen K. On-Line Support and Resources for People Bereaved through Suicide: What Is Available? Suicide and Life-Threatening Behavior 2010; 40(6): 640-650
- McMenamy JM, Jordon JJ, Mitchell AM. What do suicide survivors tell us they need? Results of a pilot study. Suicide and Life-Threatening Behavior 2008; 38: 375-389
- Neimeyer RA, Hogan NS. Quantitative or qualitative? Measurement issues in the study of grief. In Stroebe M, Hansson R, Stroebe W, Schut H (Eds). Handbook of bereavement research. Coping, care and intervention (pp. 89-118). Washington, Am Psychol Ass Press   2001
- Pfeffer CR, Jiang H, Kakuma T, Hwang J, Metsch M. Group intervention for children bereaved by the suicide of a relative. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry. 2002; 41(5): 505-13
- Raphael B, Meldrum L, McFarlane AC. Does debriefing after psychological trauma work? Time for randomised controlled trials. Brit Med J 1995; 310 (6993): 1479-1480
- Sheskin A, Wallace SE. Differing bereavements: suicide, natural and accidental death. Omega 1976; 7: 229-242

   
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