Suicide : comment vous rejoindre, entre endeuillés
?
Pour communiquer
votre numéro de téléphone aux autres
familles endeuillées, vous ne pouvez pas compter
sur l'administration, du moins jusqu'à présent.
La France fait exception en ce que la cause suicidaire des
décès n'y est pas révélée
par l'état-civil, pas plus que les autres causes
de décès. Dans la plupart des autres pays
modernes, les "survivants" qui renoncent à
se cacher sont aidés à se rencontrer par les
infirmières, et par les personnels de l'état-civil.
L'enquête australienne
d'A. Wilson a révélé que les
personnes en deuil sous-estiment leur besoin d'aide. Même
si elles ressentent ce besoin, la plupart ne savent où
s'adresser.
Certaines associations vouées
à l'écoute téléphonique
s'imposent de travailler dans l'anonymat, comme SOS
Amitié (082 066 066), Suicide
Ecoute (01 45 39 40 00)
et Fil Santé Jeunes (0800 235 236).
Votre pharmacien, votre
entreprise de pompes funèbres et le médecin
légiste ont recueilli bien des confidences, ils
ont une tradition de discrétion, mais rien ne leur
interdit de communiquer votre numéro de téléphone
si vous le leur demandez et si votre projet leur inspire
confiance.
Le service psychiatrique
de votre secteur acceptera-t-il de servir d'intermédiaire,
une fois clairement prouvé que votre but n'est pas
de le court-circuiter ?
Vos autres pistes seront
le bouche à oreille, les sectes (qui vous prendraient
de plus en plus d'argent et qui détruiraient les
relations qui vous restent) et surtout les associations,
par exemple :
- Suicide
Écoute 01 45 39 40 00 ; Renseignements :
01 45 39 93 74
- SOS
Suicide Phénix 01 40 44 46 45 ; 36
rue de Gergovie, 75014 Paris,
- Deuil Suicide (Familles
rurales, Sarthe)
- Vivre
son deuil, 01 42 38 08 08,
7 rue Taylor, 75010
Paris Autour
de cette dernière se sont fédérées
en Interassociation :
- JALMALV
(Jusqu'à la mort accompagner la vie) 132 rue du Fg
St Denis, 75010 Paris. T.
01 40 35 89 40
Hors Ile de France, consulter
l'Association Vivre son deuil. En particulier,
JALMALV est disponible à Amiens, Annecy, Avignon,
Beauvais, Besançon, Charleville-Mézières,
Espeluche, Grenoble, Issoudun, Marseille, Nogent-le Roi,
Strasbourg, Valence, Vienne.
Vivre
son deuil réunit pendant deux heures, toutes
les deux semaines d'octobre à mars, 4 à
6 endeuillés autour de deux animateurs professionnels
qui les ont préalablement reçus individuellement.
Les participants s'expriment librement sur leur état
actuel et sur leurs souvenirs. L'âge
minimum des participants est de 16 ans, parce que le deuil
a des caractères particuliers chez les enfants (Hanus,
Mitchell, Hoffmann).
D'autres associations aident
les personnes en deuil, que les deuils soient ou
non consécutifs à des suicides. Elles aussi
peuvent communiquer votre numéro de téléphone
mais il est entendu qu'un groupe ne doit pas mêler
les endeuillés du suicide avec les autres. Citons
les associations
réunies dans l'UNPS, Union Nationale pour la Prévention
du Suicide
(36 rue de Gergovie, 75014 Paris, Tel 01 40 20 43 04) :
- Phare
Enfants-Parents, 5 rue Guillaumot, 75012 Paris,
T. 01 42 66 55 55 et 0810 810 987
- Association
Christophe, Hôpital de la Timone, 13885 Marseille
Cedex 05. T.04 91 81 27 60
- Vivre son
deuil, 7 rue Taylor, 75010 Paris. T. 01 42 38 08 08
- Jonathan
Pierres vivantes (Animateurs catholiques qui se
consacrent aux parents qui ont perdu un enfant) 61
rue de la Verrerie, 75004 Paris, T. 01 42 96 36 51
- Loire Prévention Suicide, 16 rue Badouillère,
42000 St Etienne. T. 04 77 21 72 10
- Fédération
SOS Suicide Phénix, 40 rue de la Sablière,
75014 Paris. T. 01 40 44 46 45
- FAVEC
(conjoints Survivants) 28 place St-Georges, 75009 Paris,
T. 01 42 85 18 30
- Recherche
et Rencontres, 01 42 78 79 10 ou 19 87
; 61 rue de la Verrerie, 75004 Paris,
- Urgences Psychiatrie, 17 avenue de Clichy, 75017 Paris,
T.: 01 45 22 44 44
- SOS Amitié, 11 rue des Immeubles Industriels, 75011 Paris,
T. 01 40 09 15 22
- SOS Chrétiens à l'écoute, BP 340,
75625 Paris Cedex 13, T. 01 45 35 55 56
- CNDT (à Lyon), 04 72 10 94 30.
- ASP Paris (soins palliatifs) 44 rue Blanche, 75009 Paris,
T. 01 45 26 58 56
- Centre Fr-Xavier Bagnoud, Fondat. Croix St Simon, 125
rue d'Avron, 75960 Paris Cx 20, T. 01 44 64 43 50.
Courriel : fxb@croix-saint-simon.org
- Choisir l'espoir, Apprivoiser l'absence, 1 square de l'Atlantique,
92160 Antony, T. 01 46 66 53 61
- Fédération Naître et Vivre, 5 rue
Lapérouse, 75116 Paris, T. 01 47 23 05 08
- FIAV (veuves et veufs) 10 rue Cambacérès,
75008 Paris, T. 0140 07 04 32
- Les Petits Frères des Pauvres, 64 avenue Parmentier,
75011 Paris, T. 01 48 06 45 00
Ces associations ont misé
sur la qualité, en limitant les effectifs
à six endeuillés et en bénéficiant
de la présence de deux animateurs professionnels
ayant reçu une formation.
Ces principes sont irréprochables,
mais en contrepartie trop peu d'endeuillés
en bénéficient, pour plusieurs motifs. Les
organisateurs, suivant la règle qui s'impose aux
professionnels, attendent que la demande se manifeste, alors
que l'information circule mal.
L'association Vivre
son deuil sélectionne les participants :
sur 120 contacts par an, 40 souhaitent bénéficier
d'un groupe et une douzaine seulement sont admis, non
sans un engagement de participer aux douze réunions.
N. Farberow, fondateur du
premier groupe dentraide en 1970, relate ainsi en
2008 ses échecs initiaux : Nous avons
tenté plusieurs fois doffrir des conseils,
mais avec peu de succès : les clients quittaient
les groupes
Nous leur offrions de la thérapie
comme sils étaient des malades. Ce nest
pas cela quils attendaient
Ce nétaient
pas des malades mentaux, mais des personnes en détresse
qui avaient besoin de partager ce quelles éprouvaient.
Les groupes animés
par des professionnels sont hors d'état de satisfaire
le besoin, surtout en milieu rural, si l'on se rappelle
que le nombre des personnes en deuil après suicides
s'accroît de 50 000 par an.
Très insuffisants
en quantité, ces groupes animés par des professionnels
ont le mérite de leur qualité et de leur degré
de sécurité. En France, à la différence
de l'Amérique et de l'Australie, plusieurs professionnels
objectent aux groupes d'entraide réunis en leur absence
le risque du suicide d'un de leurs participants.
Ce scrupule est tout à
leur honneur mais c'est le contraire qui est arrivé.
Les suicides ont été absolument exceptionnels
au sein des groupes d'entraide, sans commune mesure avec
les statistiques sur la
contagiosité du suicide : les personnes
étaient nombreuses à arriver dans les groupes
avec des idées suicidaires mais elles en ont bénéficié
de l'effet
protecteur, inverse de la contagiosité.
Quand les groupes d'entraide
se développent à la mesure des énormes
besoins, ils préviennent bien davantage de suicides
par contagion que les trop rares groupes animés
par des professionnels.
On y reviendra dans la Page consacrée à l'évaluation
de l'efficacité :
Deuils après
suicides : évaluer les services rendus par les
postventions
Pour aider les personnes
en deuil à se rencontrer, deux suggestions
nouvelles sont venues de Belgique : lancer une "Journée
nationale du deuil après suicide" ;
et persuader les professionnels éprouvés
par le suicide d'un de leurs clients d'oser prendre contact
avec la famille en deuil pour lui proposer une aide
de longue durée : par un professionnel puis
par un groupe d'entraide.