3, Lefficacité des outils Internet sur les
comportements
Les points forts et les
points faibles de ces outils méritent discussion.
Les points
forts des outils Internet :
En matière d'alcool,
une remarquable audience est celle du site Alcohol
screening qui a reçu plus de 115.000 visites
en 14 mois et dont près de 48.000 adultes
ont rempli le questionnaire de dépistage. Ainsi
se sont déclarés 90% de consommateurs à
risque avec 88% d'ivresses "binge" et 65% de
personnes dont le compte AUDIT atteignait au moins huit.
Environ 23.000 visiteurs sont demandé informations,
conseils et aide (Saitz). La clé d'un pareil
succès a été la forte médiatisation
du site, patronné par l'université de Boston.
Pour évaluer
l'efficacité, c'est-à-dire l'évolution
des consommations et de la santé de ces visiteurs,
il aurait fallu annoncer un second formulaire de contact
à remplir deux ans plus tard ; ou communiquer
une adresse e-mail échappant aux automates de
piratage, à utiliser à intervalles de
deux ans.
La même équipe
a prié par courriel plus de 4.000 jeunes étudiants
d'utiliser soit un questionnaire de santé, soit
un auto-questionnaire centré sur l'alcool, puis
de comparer deux types d'interventions brèves proposées
sur l'Internet.
Plus de la moitié
ont accepté le dépistage, qui a
mis en évidence un usage nocif de l'alcool chez
un tiers des garçons et un quart des filles.
Dans ces groupes, cet usage a cessé chez 33%
des filles et 15% des garçons (Saitz 2007).
Des résultats
à 6 semaines, chez de gros buveurs, sont également
fournis par une enquête émanant du site Down
your drink offrant questionnaire, formation et évaluation.
Parmi les 10.000 utilisateurs, 16% ont suivi le programme
jusqu'au bout. Chez eux, la dépendance, les autres
problèmes liés à l'alcool et les
troubles psychiques ont régressé.
Ce genre de programme
peut atteindre les nombreux buveurs qui n'appellent
pas d'aide (Linke). Les proches des buveurs peuvent
leur indiquer ce site s'ils lisent en anglais.
Les personnes qui souffrent
de détresse post-traumatique cherchent à
sinformer et à partager leurs émotions
sur lInternet. Certaines ont bénéficié
dun prédiagnostic de psychothérapies
en ligne par courriels personnels ou en participant à
des programmes en dix séances de thérapie
cognitivo-comportementale auxquels elles nauraient
pas eu accès autrement (Herbert).
Les messages peuvent
être interactifs grâce aux courriels
et aux forums mais les forums peuvent s'épuiser
dans la cacophonie.
La répétition
des messages est essentielle. Elle dépend
des liens entre sites, des interactions entre sites, des
consultations d'Internet par les autres médias
et les pouvoirs publics, des références
bibliographiques, enfin de la facilité d'imprimer
les Pages pour les relire et les communiquer.
Les auteurs ne sont pas
obligés d'écrire chaque mois sur l'Internet
quelque chose de différent sur le même
sujet, à la différence des magazines de
santé. Les sources sont moins hexagonales que
les textes imprimés courants. Les mise à
jour sont beaucoup plus faciles et fréquentes
que celles des livres.
La réalisation est
peu coûteuse (sauf en temps passé),
et elle permet de faire toute leur place aux témoignages
de vie. Toutefois, comme on l'a remarqué à
propos du site Alcohol
screening, l'efficacité dépend d'une
médiatisation coûteuse à lancer
et à maintenir
Les points
faibles des outils Internet
Internet est une cacophonie,
comme on le lira ci-dessous à propos du suicide
(Recupero).
Internet est une meule
de foin, avec plus de 16
à 45 milliards de pages en 2011. La
bonne aiguille n'y est pas facile à trouver malgré
les progrès des moteurs de recherche.
Ni le renom des auteurs,
ni la conformité au règles des sites de
santé (Netscoring et HONcode) ne protègent
à coup sûr de messages tendancieux ou publicitaires.
Répétons que l'efficacité dépend
d'une coûteuse médiatisation.
Les sites très
médiatisés ont trop de frais pour rester
indépendants des bailleurs de publicité
ou de subsides.
Où l'éducation préventive est-elle
à l'abri de pressions ?
Les messages ne sont
pas des consultations, il leur manque d'être
adaptés aux singularités des individus et
de leurs attentes. Les récits de suicides dans
les médias sans précautions sont suivis,
sur les forums, de commentaires indigents (Sisask).
Les moteurs de recherche
sur Internet, malgré la profusion de leurs réponses,
sont loin de suffire aux besoins des proches
des malades de lalcool. Les automates de classement
ignorent la plupart des livres, les associations et
les sites dont lintitulé sécarte
des locutions recherchées par les surfeurs.
Bien des pages pertinentes
citées sont trop descriptives et interprétatives
au détriment des conseils pratiques. Les entourages
sont aidés face à un malade de lalcool
rétif, mais guère après le sevrage,
ni aux débuts des parcours dalcoolisation,
ni dans leurs rôles face à leurs enfants.
Les co-dépendances sont décrites à
satiété mais les traitements modernes qui
impliquent les entourages sont ignorés.
Trop de citations sont
concédées aux forums et aux blogs, fertiles
en contradictions et agressivité. Trop de citations
nintéressent guère les entourages :
débats parlementaires, références
juridiques, programmes gouvernementaux, informations
destinées aux professionnels.
Récent, le Moteur
de recherche médical donne la priorité
aux sites de santé accrédités par
l'association HON, puis à une sélection
de sites créés par des médecins,
avant d'enchaîner sur le moteur Google. Il concilie
la sécurité et l'exhaustivité.
Surtout, on ne peut pas
attendre dun site Internet un message assez volumineux
pour être authentiquement formateur. Il y faudrait
lampleur dun livre. Un site na le
droit dafficher in extenso quun livre libre
de droits éditoriaux.
Comment concilier lefficacité
de lInternet en diffusion et lefficacité
dun livre en contenu ?
Un éditeur et
un auteur transcriraient-ils un livre sur Internet gratis
dès que les commandes des libraires tomberaient
au-dessous dun seuil ?
Les moteurs de recherche internes des sites de libraires
comme Fnac et Amazon seraient capables de concilier
la diffusion de linformation et lampleur
des messages, pourvu quils élargissent
les gammes des locutions à requérir.
Pour les détails,
voir :
Alcoolisme :
former les entourages des buveurs excessifs