On dépiste les
élèves à risque,
on prépare les démarches, les groupes de parole,
les réunions.
On dépiste
les élèves à risque :
ceux qui ont fait une tentative, qui ont souffert de dépression,
qui ont reçu des soin psychiatriques, qui se droguent,
qui ont parlé ou ruminé à propos
de mort ou de suicide ; ceux qui sont actuellement
endeuillés, ou qui l'ont été par
un suicide ; celui qui était jumeau de la
victime (Dyregrov) ; ceux qui étaient très
liés à la victime ou voyaient en elle un
modèle ;
ceux qui se sentent coupables de n'avoir pas pris
au sérieux les annonces de la victime, de n'en
avoir pas fait part à un adulte, d'avoir fourni
les moyens du suicide ou même d'avoir conclu un
pacte de suicide.
Au personnel de repérer
les changements dans l'habillement, les comportements et
les expressions (Onja Grad, avec Leenaars 2001)
Par exemple, on peut répéter :
« Il y a parmi nous des élèves qui
ont des idées noires ou qui ont songé à
se suicider ; et des élèves qui se
sentent gravement concernés par la mort de leur
camarade. Qu'ils n'aient pas peur de se confier à
un adulte : l'infirmière ou une autre personne. »
Ces élèves
bénéficieront plutôt d'entretiens individuels
que des groupes de parole : ils seront autorisés
à quitter la classe accompagnés pour rencontrer
une personne ressource.
Un responsable rencontrera
leurs parents pour leur faire accepter que la famille
confie son enfant, et se confie elle-même à
un professionnel
de la santé.
Plus largement, on répète
que la première réaction est de se replier
sur soi et d'être réticent à demander
de l'aide.
Pour surmonter l'épreuve, il faut
surmonter cette réticence
(Kalafat, avec Leenaars 2001).
Pour les autres, des
groupes de parole
sont organisés par le comité, animés
par des personnes ayant déjà la confiance
des élèves et disséminés dans
des locaux prévus à l'avance. On écarte
de ces groupes ceux qui n'y viennent que par curiosité
ou pour exhiber leur hystérie (Leenaars 1985).
L'effroi, le déni,
l'incompréhension, la honte, la culpabilité,
l'ambivalence ont à s'exprimer
librement, en prenant le temps, en évitant de minimiser.
Il n'y a pas de pensée unique à promouvoir.
Le suicide n'a pas qu'une
seule cause, il est influencé par une multitude
de circonstances, mais il est la décision d'un
seul.
L'animateur ne doit pas décider pourquoi
ce choix a été fait ni qui est à
blâmer.
Il ne doit pas idéaliser
ni héroïciser l'acte (comme Goethe dans Werther).
Il dit plutôt que la victime était bouleversée
et troublée au point de ne pas apercevoir
d'autres moyens de faire face à ses difficultés.
Il invite chacun
à dire ce qu'il avait vécu avec la victime,
et ce qu'il aurait souhaité lui dire s'il avait
su que c'était pour la dernière fois. Plutôt
que de parler de la mort en général, on
centre l'entretien sur la personne du défunt.