Après un suicide,
aider ceux qui restent
est une prévention
 

Après un suicide, 
aider l'entourage en deuil

Révision : 06.07.2013       Translate

 

Quatre points essentiels :

• Le silence se retournerait contre l'entourage atteint par ce deuil.
• Ecouter, sans vouloir consoler ni conseiller.
• Mettre en contact avec d’autres personnes en deuil après suicides.
• Le deuil de l’enfant mérite une attention particulière.

 
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Si je n'ai pas réussi à empêcher le suicide, mon rôle n'est pas terminé. Je vais au-devant de ceux qui restent : la famille et les proches, écrasés par un indicible désarroi.

Leurs sentiments se retournent contre eux-mêmes : une inexprimable honte de n'avoir rien deviné, rien empêché. Les proches sont tentés de s'accuser eux-mêmes et de s'accuser entre eux, autant que d'accuser le défunt.
Entre les enfants survivants et eux, un fossé pourrait se creuser.

Une réaction bien naturelle des proches parents est de déclarer qu'il s'agissait d'un accident, de se contenter de déménager et de se réfugier dans le silence.
Comprenons cette réaction, mais les secrets de famille font toujours des dégâts.

Si le silence ou le mensonge s'éternisent, irai-je jusqu'à suggérer doucement aux endeuillés que, loin de protéger leur réputation ?
Trop de gens auront remarqué les signes avertisseurs du suicide ou les contradictions des récits des survivants.
Certains vont croire que les proches ont autre chose à dissimuler.

Pire, garder le silence, c'est ne rien faire pour éviter un second suicide parmi les proches.
Le silence se retourne contre la famille.

Accepter la réalité et partager les peines seront au contraire bénéfiques.

À moi d'aider les endeuillés à se libérer du silence, même si je n'ai reçu aucune formation pour cela. L'aide d'un médecin spécialisé ou d'un psychothérapeute est habituellement indispensable. Loin d'y faire obstacle, mon intervention aidera à surmonter le refus habituel de recourir au psychiatre.

Si je suis moi-même médecin, infirmière scolaire, assistant de service social, juge pour enfants, agent funéraire, membre du clergé, il serait excellent que j'approfondisse, au-delà des indications ci-dessous.

Écouter est ma première tâche : laisser dire que ce n'est pas possible, que c'est injuste, laisser exprimer la colère, les sentiments d'abandon, de vide, de culpabilité à propos des occasions manquées. Le deuil le plus cruel survient après le suicide d'un jumeau (Dyregrov).

Écouter l'histoire de la famille et de ses éventuelles déchirures.
Je suis présent en silence, sans chercher à consoler ni conseiller.
Ce soutien est irremplaçable.
Peu à peu, discrètement, je veille sur le sommeil, l'alimentation, les activités physiques, l'abus de médicaments, d'alcool voire d'autres drogues, .
Je m'associe éventuellement aux démarches, aux conduites d'enfants à l'école.

Ne pas laisser à la maison d'arme à feu, de munitions ni de produits toxiques.

 

Au téléphone, après les premiers jours, je ne demande pas à l'endeuillé comment il va.
J'évoque plutôt les souvenirs de la vie du disparu, sans m'effrayer d'avoir fait revenir les pleurs.

Un quart des suicides sont venus d'une impulsion irréfléchie. On s'en est aperçu en interrogeant ceux qui se sont ratés de peu (Simon 2002).
Beaucoup d'autres suicides sont venus d'une dépression, d'un alcoolisme ou d'autres atteintes mentales.

Si la personne en deuil comprend peu à peu que le défunt n'avait pas tout son libre arbitre, le sentiment de culpabilité peut devenir moins terrible.

Les pages  
Partager les deuils après suicides : groupes d'entraide
 du présent site ajoutent quantité d'informations.

J'attire l'attention des survivants sur le deuil des enfants, ici les soeurs et frères de l'adolescent suicidé. Loin de les mettre à l'écart, il faut leur parler du disparu et plus tard les inciter à dessiner leur famille.
Il faut les associer aux réunions funéraires, vivre les émotions en famille.
Un petit enfant n'imagine pas, d'habitude, que la mort soit générale et irréversible.

Il a moins peur de la mort que d'être abandonné.
Il se sent abandonné par le disparu et il redoute que, par contagion, un parent ne meure et ne l'abandonne aussi.
Il demande à rejoindre le disparu. D'autre part, un sentiment de culpabilité l'envahit : les bêtises qu'il a commises et que le disparu lui a reprochées n'ont-elles pas été la cause du désespoir ?

Il faut donc rassurer l'enfant sur ces points, lui répéter qu'il n'est responsable en rien, que le disparu souffrait immensément avant de se donner la mort mais qu'il était plein d'amour. Répéter encore que la famille continuera à aimer le disparu de tout son cœur et ne l'oubliera jamais.

Par la suite, l'enfant recevra des photos et des objets familiers du disparu. Il pourra les conserver dans une "boîte de mémoire". Les parents confirmeront par écrit à l'enfant ce qu'ils lui auront dit.

L'enfant en deuil a un comportement instable et difficile. Il se porte mal.
À ses parents d'en avertir les enseignants et éventuellement d'attirer l'attention d'un thérapeute sur une ambivalence, des conduites d'échec, une humeur cyclothymique évocatrice d'une hérédité dépressive.

Quantité d'autres indications se trouvent dans les livres, cités aux Références, du Dr. Christophe Fauré et du Dr. Michel Hanus, créateur de l'association Vivre son deuil.

Aux adultes endeuillés, j'indique aussi les numéros des lignes d'écoute téléphonique.

Mieux, plusieurs associations invitent les endeuillés à se réunir, au bout de six mois de préférence, pour partager leurs émotions. Ces “groupes de parole” mêlent des personnes à différentes étapes de leurs deuils en présence de professionnels expérimentés. Citons à Paris:

- Suicide Écoute (partout en France) : 01 45 39 40 00

- Phare Enfants-Parents : 01 42 66 55 55.

- Vivre son deuil : 01 42 38 08 08


- SOS Suicide Phénix : 01 45 42 45 88.

- Recherche et Rencontres : 01 42 78 79 10.

- Association François-Xavier Bagnoud : 01 44 37 92 00.

Il est souhaitable que cette entraide se poursuive au moins un an.

Malheureusement, les personnes qui bénéficient de ces groupes ne sont qu'un nombre infime, alors que les 12 000 suicides annuels endeuillent plus de 50.000 personnes. C'est en milieu rural que l'incidence des suicides est la plus forte et les ressources d'aide les plus rares.

Les "survivants" ont besoin de retrouver un sens à leur vie en groupes d'entraide sans que les professionnels en prennent ombrage, comme c'est le cas en Amérique du nord.

Si le défunt était lycéen ou étudiant, le directeur de l'établissement se mettrait, lui aussi, dans une position intenable en gardant le silence. Des gens pourraient dire que l'établissement a autre chose à dissimuler. Surtout, des mesures précises de "postvention" s'imposent dès le premier jour pour prévenir une épidémie de suicides.

REFERENCES

 
 
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