S'il
refuse toute aide ?
Il arrive qu'un jeune refuse
toute aide, notamment en cas de troubles mentaux ou de dépendance
toxicomaniaque (alcool, opiacés, stimulants).
Je cherche des appuis.
J'essaye de trouver deux personnes adultes en qui il
ait confiance.
Si le jeune est en conflit avec ses parents, il ne l'est
habituellement pas avec ses grands-parents.
À qui d'autre se confie-t-il ? Cousin, ami,
infirmière, médecin généraliste
ou assistante sociale scolaire, enseignant, responsable
religieux ?
Je lui propose de l'emmener
chez l'une de ces personnes.
S'il refuse, je téléphone, avec son accord,
à l'une d'entre elles devant lui.
Peu après, cette personne et moi nous prendrons conseil
d'un professionnel, de préférence un psychiatre
(King 1999).
À Montréal, un professionnel organise des réunions
pour les proches des suicidaires.
La Page Liens donne des liens avec
des associations compétentes, notamment SOS Amitié,
dont l'écoute téléphonique permanente
s'appelle à 0820 066 066.
En principe, je ne promets
pas le secret, car cela
me rendrait responsable de n'avoir pas fait le nécessaire.
Je lui réponds que c'est trop lourd pour moi. Ce
que je peux lui promettre, c'est d'être discret
et de ne rien dire qui puisse lui nuire. En échange
de cette promesse, accepte-t-il un entretien avec quelqu'un
d'autre ? Un engagement de ne pas mettre son projet
à exécution dans les prochaines heures ?
Jamais
je ne laisse seul,
surtout s'il a déjà fait une tentative, ou s'il
a dit par quel moyen il envisage de se tuer.
J'essaye de savoir s'il dispose d'une arme à feu, de
médicaments toxiques, d'herbicides ou de pesticides,
afin de les mettre en d'autres mains.
Sil apparaît que le suicidaire détient
une arme ou manifeste lintention den acquérir
une, il est permis aux professionnels de la santé ou
de laction sociale den informer le préfet.
Le recours au psychiatre
est incontournable s'il a déjà fait une tentative
de suicide, s'il y a eu des suicides chez ses proches, s'il
souffre de troubles mentaux à commencer par la dépression
ou d'une autre maladie grave, enfin si son entourage se montre
inapte à le soutenir.
La pénurie de psychiatres est malheureusement
devenue dramatique en France alors qu'ils sont irremplaçables.
Même en hôpital psychiatrique, ils disposent de
trop peu de temps. Quant aux hôpitaux généraux,
l'état de leurs budgets les incite à abréger
les séjours pour tentatives de suicide et à
difficile d'organiser l'indispensable suivi.
Souvent, le suicidaire accepte
d'être emmené en voiture ou en ambulance, voire
par les pompiers au service des urgences hospitalières
quand il révèle un scénario élaboré
de suicide, un accès à un moyen de senlever
la vie, quand il est débordé par ses ruminations,
bloqué ou agité. Le risque culmine chez un
sujet isolé, adolescent ou âgé.
À défaut, le membre de la famille téléphone
à l'antenne d'urgence en psychiatrie, qui
proposera la solution la plus humaine ; dans l'établissement
psychiatrique, le suicidaire sera protégé
médicalement et juridiquement.
En cas de péril imminent et de refus, un membre
de la famille demande à un médecin (étranger
à létablissement daccueil) de
voir le suicidaire et de rédiger un certificat.
Le généraliste peut injecter une ampoule de
cyamémazine, qui s'oppose à une impulsion
délirante. Si une hospitalisation sous contrainte
est nécessaire, la police le transportera.
Si l'ado est mineur,
c'est au titulaire de l'autorité parentale de l'emmener
à l'hôpital en lui expliquant pourquoi :
« Nous n'arrivons pas à nous comprendre. Il est
évident que tu n'es pas un fou, mais tu souffres énormément
et une pareille souffrance ne peut pas rester à l'abandon.
Ce serait peut-être une idée de nous laisser
aider par quelqu'un de vraiment compétent.
» Eventuellement, l'étape préalable est
le médecin généraliste.
Dans tous les cas, je m'organise
avec la psychiatre et les autres personnes de confiance
pour que l'adolescent ne reste pas seul avant l'hospitalisation,
même dans l'ambulance, ni ne sorte seul
de l'hôpital ;
ensuite, pour qu'il soit assidu aux
rendez-vous.
Ce sera alors une période
périlleuse parce qu'un éventuel traitement antidépresseur
peut faire attendre ses bienfaits pendant un mois :
et qu'une subite amélioration de l'humeur et de l'activité
peut faire redouter le passage à l'acte.
Enfin, de nombreux suicides sont consécutifs à
l'arrêt prématuré des médicaments.
C'est dire l'intérêt d'une concertation suivie
avec le psychiatre.
Si l'hospitalisation est
refusée ou différée, une solution remarquable,
pilotée à distance par un hôpital psychiatrique
britannique est d'admettre la personne en crise suicidaire
dans un lieu non médicalisé : "Maytree"
(Briggs). La personne est traitée comme une "invitée"
par des bénévoles, (des "Samaritans")
qui offrent longuement leur amitié. Les résultats,
chez 159 "invités" dont les deux tiers
avaient fait une tentative de suicide, ont été
remarquables.
De leur côté,
les proches du suicidant ont intérêt à
consulter. Il existe des thérapies familiales.
REFERENCES
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