Dérapages psychiques des athlètes
Le surentraînement
sportif des enfants altère l'appétit, le
sommeil, le caractère et les résultats scolaires.
On croyait qu'un bienfait
psychique des sports de compétition était
de "canaliser la violence".
C'est le contraire que viennent de découvrir
M. Choquet et Ph. Arvers chez les sportifs de haute
compétition âgés de 14 à 16 ans.
Ces sportifs ont été jugés responsables
de conduites
violentes plus fréquemment
que les sportifs de moindre niveau : bagarres pour
50% d'entre eux, vols pour 35% et délits
graves tels que rackets et incendies pour 29%.
Cela ne signifie pas que
l'activité sportive de compétition soit
cause de ces violences, mais qu'elle est un indicateur
du risque (l'appartenance à une famille socialement
défavorisée en est un autre indicateur),
et que les sportifs en sont les premières victimes.
On a coutume d'être
indulgent pour les "toxicos
du sport", en se disant que cela vaut mieux
qu'une dépendance à une drogue.
Les critères usuels des dépendances
(addictions) s'appliquent en effet à eux
(Mangon et Auriacombe) :
La première étape
de la dépendance est la "tolérance"
: escalade des performances en vue d'obtenir le même
niveau de satisfaction.
Le plaisir disparaît comme chez les drogués
et les alcoolo-dépendants. On n'obtient plus de
se sentir bien, mais de se sentir moins mal.
L'état de manque
consiste ici à se sentir impatient d'activité
physique, comme l'a subi mon ami psychiatre marathonien
qui avait besoin de ses trois marathons par semaine.
Des activités
scolaires, professionnelles ou sociales sont délaissées
tandis que trop de temps est consacré à
la compétition et à ses préparatifs :
« J'ai du mal à me limiter
Je
ne vois rien qui pourrait remplacer ça
C'est mon seul but dans la vie
Je ne pense qu'à
ça. »
La pratique est poursuivie
malgré ses méfaits : aggravation
de blessures, dépressions, troubles du comportement
alimentaire, altercations au sein des couples, poursuites
judiciaires pour dopage.
De même, dans
une salle de musculation parisienne : chez 42% de
300 clients. Ils étaient en outre plus enclins
aux achats compulsifs et aux accès de boulimie.
Ils passaient davantage de temps sur leurs ordinateurs
(Lejoyeux).
Ainsi, le sport de compétition
est devenu, pour certains, une "drogue
sans drogue". On peut envisager
le rôle d'une prédisposition personnelle
comme celui d'un comportement moutonnier consécutif
aux conversations et comportements dans les milieux
de la compétition, comme ceux de l'alpinisme
et du deltaplane.
Pire, les toxicomanies
vraies sont plus fréquentes chez
les adolescents de 16 à 18 ans quand
leur pratique sportive atteint le "haut niveau"
(Arvers et Choquet, Urbach et Auriacombe).
Plus fréquemment que les autres, ils font des ivresses
à répétition, ils consomment du cannabis
et ils ont expérimenté des drogues illicites
autres que le cannabis.
Les athlètes étudiants
sont souvent atteints daddictions, dépression,
anorexie, troubles du sommeil et de la personnalité
(Resch). Les étudiants athlètes américains
sont fréquemment buveurs excessifs, accrochés
aux jeux de hasard, et amateurs de partenaires sexuels
multiples sans précautions (Huang).
Surtout, de nombreux cas
de toxicomanie ont été signalés
après l'abandon de la compétition. La
cocaïne a détruit la santé d'un footballeur
argentin dont le nom est dans toutes les mémoires.
20% des toxicomanes d'une clientèle parisienne
de soins sont d'anciens sportifs. Les trafiquants de dope
et de drogues sont les mêmes.
Enfin, les dépressions
et suicides sont anormalement
fréquents à la suite du surentraînement,
comme y insistent le Docteur Denys Barrault ainsi
que Baum. En effet, le surentraînement aboutit à
d'authentiques dépressions.
Quant au dopage,
il n'est un méfait ni des sports de
santé, ni même de la compétition.
Celui qui se dope achète une tricherie
envers ses concurrents. Il le paie bien plus cher ensuite.
Les enjeux financiers et politiques du "haut
niveau" acculent-ils au dopage ?
"Le sport de qualité
commence où finit la santé" écrivait
Brecht il y a 80 ans, avant qu'il soit question de
dopage. Quelle qualité ?