Sport : de dérapages

en tête-à-queue

L'envers des Jeux olympiques : 

blessures, abandons de tout sport,
toxicomanies, vies abrégées

Révision : 06.07.2013           Translate

Sept points essentiels :

• Les gains en performances se paient de plus en plus cher.
• L’athlète qui abandonne la compétition abandonne d’habitude tous les sports.
• Dérapage ? Tête-à-queue ?

• Il reste souvent estropié.
• Sorti d’une drogue sans drogue, il devient souvent toxicomane pour de bon.
• Son espérance de vie est très amoindrie.
• Quelles suggestions pour le public et les gouvernements ?

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Lors de voyages chez des peuples réputés sportifs, les femmes m'ont dit qu'à 30 ans leurs hommes s'assoient devant la télévision, et que c'est fini !
Pourquoi l'abandon ? Ils se sont fait mal pour avoir dérapé dans l'escalade.

Pourquoi l'escalade ? Rêver d'exploit, rechercher des sensations fortes et cultiver le risque pour lui-même sont des traits répandus. "Que le meilleur gagne" est ambigu. "On a gagné… On est les meilleurs." Est-ce une supériorité en tous domaines, acquise définitivement aux vainqueurs et même à leurs supporteurs ?

Cette escalade dérape en dommages physiques et psychiques qui seront moins négligés si l'on met en lumière l'envers des compétitions, y compris les Jeux olympiques.

Sommaire de cette Page

• Dérapages physiques des athlètes
• Dérapages psychiques des athlètes
• L'envers des Jeux Olympiques

• Responsabilités ?
• Suggestions pour le public

• Suggestions pour les gouvernements

Dérapages physiques des athlètes

Les activités sportives et de loisirs sont la première cause d'accidents chez les jeunes de moins de 26 ans. Les sports de pleine nature exposent à la difficulté d'avertir et d'acheminer les secours.

L'espérance de vie moyenne d'un footballeur professionnel américain se limite à 53 ans et celle d'un coureur cycliste européen à 60 ans.

Le risque d'accidents mortels est important dans les "sports" motorisés ainsi que dans le deltaplane, le parapente, le saut à l'élastique, la plongée sous-marine, le plongeon, la spéléologie, le canoë-kayak, la boxe et autres arts martiaux, le ski, l'alpinisme (surtout sans guide), l'équitation, la voile, le surf, le rugby, la perche et même la gymnastique à la poutre.
Dès l'Antiquité, on relatait que des athlètes s'effondraient.

800 morts subites par an sont survenues durant 5 ans sur les terrains de sport français, suite à des accélérations brutales (Marijon). 95% des victimes n'étaient pas des “sportifs de haut niveau” et n'avaient pas d'antécédents cardio-vasculaires. Leur âge moyen était 46 ans. Le dopage était rarement en cause.

Les estropiés sont bien plus nombreux que les morts. Lisons les journaux de "médecine du sport" : ils sont une litanie de lésions. Le grand public, lui, ne regrette les lésions de ses idoles que comme causes de suspensions.

La colonne vertébrale est souvent mise à mal lors du parachutisme, du moto-cross, du plongeon, du judo (et autres sports de combat), du deltaplane, du ski nautique, de l'haltérophilie, de la planche à voile, du patinage artistique, de l'équitation, du tennis et même de la natation en compétition.
L'atteinte de la colonne cervicale (vertèbres du cou), dans plusieurs de ces sports et dans le rugby, peut laisser un tétraplégie, c'est-à-dire une paralysie définitive des quatre membres.

La boxe, le rugby, le football, le ski, le hockey sur glace multiplient les blessures, lors des compétitions comme lors des entraînements : crampes, déchirures musculaires, entorses, ruptures de ligaments, tendinites, bursites, périostites, fractures.
Les compétitions de ski exigent une vitesse très accrue. Les ruptures des ligaments des genoux sont exponentielles.
Les tendinites et claquages musculaires des joueurs de tennis sont aggravés par leur rage de ne pas respecter les délais de cicatrisation.

Les enfants et adolescents surentraînés souffrent dans leurs articulations (ostéochondrites), leurs insertions de tendons, leurs cartilages de croissance et leurs derniers disques intervertébraux.
Un tassement vertébral douloureux contre-indique toute activité sportive.

Les jeunes adeptes de la danse classique et de la gymnastique veulent souvent rester trop minces, et s'alimentent insuffisamment. Au risque de blessures s'ajoute alors ceux du retard de puberté, puis de la disparition des règles ; et de l'ostéoporose.

Même en l'absence de blessure et de dopage, il y a des limites aux records.
On peut faire grossir les muscles presque à volonté, mais on ne sait pas faire grossir les ligaments, les tendons ni les os.
Les gains en performances se
paient de plus en plus cher.

Tous finissent par abandonner la compétition. Ils sont alors perdus même pour les sports de santé et de plaisir, non sans dommages pour leur santé physique et psychique.

Dérapages psychiques des athlètes

Le surentraînement sportif des enfants altère l'appétit, le sommeil, le caractère et les résultats scolaires.

On croyait qu'un bienfait psychique des sports de compétition était de "canaliser la violence".
C'est le contraire que viennent de découvrir M. Choquet et Ph. Arvers chez les sportifs de haute compétition âgés de 14 à 16 ans. Ces sportifs ont été jugés responsables de conduites violentes plus fréquemment que les sportifs de moindre niveau : bagarres pour 50% d'entre eux, vols pour 35% et délits graves tels que rackets et incendies pour 29%.

Cela ne signifie pas que l'activité sportive de compétition soit cause de ces violences, mais qu'elle est un indicateur du risque (l'appartenance à une famille socialement défavorisée en est un autre indicateur), et que les sportifs en sont les premières victimes.

On a coutume d'être indulgent pour les "toxicos du sport", en se disant que cela vaut mieux qu'une dépendance à une drogue.
Les critères usuels des dépendances (addictions) s'appliquent en effet à eux (Mangon et Auriacombe) :

La première étape de la dépendance est la "tolérance" : escalade des performances en vue d'obtenir le même niveau de satisfaction.
Le plaisir disparaît comme chez les drogués et les alcoolo-dépendants. On n'obtient plus de se sentir bien, mais de se sentir moins mal.

L'état de manque consiste ici à se sentir impatient d'activité physique, comme l'a subi mon ami psychiatre marathonien qui avait besoin de ses trois marathons par semaine.

Des activités scolaires, professionnelles ou sociales sont délaissées tandis que trop de temps est consacré à la compétition et à ses préparatifs : « J'ai du mal à me limiter… Je ne vois rien qui pourrait remplacer ça… C'est mon seul but dans la vie… Je ne pense qu'à ça. »

La pratique est poursuivie malgré ses méfaits : aggravation de blessures, dépressions, troubles du comportement alimentaire, altercations au sein des couples, poursuites judiciaires pour dopage.
De même, dans une salle de musculation parisienne : chez 42% de 300 clients. Ils étaient en outre plus enclins aux achats compulsifs et aux accès de boulimie. Ils passaient davantage de temps sur leurs ordinateurs (Lejoyeux).

Ainsi, le sport de compétition est devenu, pour certains, une "drogue sans drogue". On peut envisager le rôle d'une prédisposition personnelle comme celui d'un comportement moutonnier consécutif aux conversations et comportements dans les milieux de la compétition, comme ceux de l'alpinisme et du deltaplane.

Pire, les toxicomanies vraies sont plus fréquentes chez les adolescents de 16 à 18 ans quand leur pratique sportive atteint le "haut niveau" (Arvers et Choquet, Urbach et Auriacombe).
Plus fréquemment que les autres, ils font des ivresses à répétition, ils consomment du cannabis et ils ont expérimenté des drogues illicites autres que le cannabis.

Les athlètes étudiants sont souvent atteints d’addictions, dépression, anorexie, troubles du sommeil et de la personnalité (Resch). Les étudiants athlètes américains sont fréquemment buveurs excessifs, accrochés aux jeux de hasard, et amateurs de partenaires sexuels multiples sans précautions (Huang).

Surtout, de nombreux cas de toxicomanie ont été signalés après l'abandon de la compétition. La cocaïne a détruit la santé d'un footballeur argentin dont le nom est dans toutes les mémoires. 20% des toxicomanes d'une clientèle parisienne de soins sont d'anciens sportifs. Les trafiquants de dope et de drogues sont les mêmes.

Enfin, les dépressions et suicides sont anormalement fréquents à la suite du surentraînement, comme y insistent le Docteur Denys Barrault ainsi que Baum. En effet, le surentraînement aboutit à d'authentiques dépressions.

Quant au dopage, il n'est un méfait ni des sports de santé, ni même de la compétition.
Celui qui se dope achète une tricherie envers ses concurrents. Il le paie bien plus cher ensuite.
Les enjeux financiers et politiques du "haut niveau" acculent-ils au dopage ?

"Le sport de qualité commence où finit la santé" écrivait Brecht il y a 80 ans, avant qu'il soit question de dopage. Quelle qualité ?

L'envers des Jeux Olympiques

L'envers des Jeux, ce sont les dommages recensés lors de la préparation et du déroulement des précédents Jeux d’été et d’hiver. Ces dommages ne sont pas seulement les accidents.

Plus nombreux sont les abandons de toute espèce de sport, y compris les sports de santé.

On peut aussi demander aux athlètes préparés aux Jeux, avec le recul, si cette préparation en valait la peine.

60 champions français préparant les Jeux Olympiques ont été interviewés récemment. Comparés à d’autres athlètes, ils boivent davantage, ont plus de troubles psychologiques et de blessures. Ils se blessent d’autant plus souvent qu’ils boivent davantage (Pichard).

Le dérapage s'achève ainsi en tête à queue.

Responsabilités ?

Ces dérapages sont passés sous silence par les organismes qui se bornent à compenser les abandons par des recrutements.

Les carrières des sélectionneurs et entraîneurs des fédérations (financées ou approuvées par le ministère des sports) dépendent des podiums obtenus aux compétitions nationales et internationales.

De là, le surentraînement des jeunes, la surcharge de leurs calendriers de compétitions, les tentations de dopages.
Est-ce une maltraitance que de ne pas respecter les rythmes de repos et de sommeil, les impératifs de la scolarité et ceux de la vie relationnelle ?

Qui envoie les "sports" dans le mur ?

- Les financiers, avec les agences de publicité, non sans effondrer les espérances de santé et de vie ?

- Les médias, qui détournent l’attention vers le dopage.

- Les politiciens dont on se demande s'ils n'exploitent pas électoralement les gladiateurs avec l'argent du contribuable, de connivence avec un système commercial où la corruption a été signalée  ?

- Les fédérations plus soucieuses de la santé du "sport" que des sports de santé ?

- les trafiquants de dope, qui ont leurs relais.


- Le public, qui en redemande ?

Suggestions pour le public

Aux adultes adeptes des sports de santé ("activités physiques") de ne pas déraper dans l'excès et se rappeler qu'un effort d'une demi-heure par semaine suffit pour la santé.

Aux parents de commencer par mettre leurs enfants à l'abri. Certes, les bons gestes doivent s'apprendre avant 14 ans, par exemple au football ou au tennis, mais quels bienfaits visent les parents ?

Il y a plutôt un choix à faire entre la gloire et la santé des jeunes pousses, choix qui revient aux parents, conseillés par les professeurs. En effet, les enfants n'ont ni la maturité, ni les connaissances nécessaires pour apprécier les menaces et résister à ce que leur font miroiter les professionnels. Aux parents de dépister et protéger les jeunes qui recherchent à l'excès les sensations fortes, la rage de vaincre.

Les parents qui rêvent d'un champion savent-ils qu'on ne peut être champion sans tout sacrifier à son sport ? Ils ont plus de chances d'obtenir un estropié de l'épaule, du genou, du pied, de la cheville, de la colonne vertébrale et même du cœur et du cerveau.

Les adolescents qui s'identifient à des idoles seront presque tous déçus dans leurs espoirs. Leur dépit risque de les éloigner de toute activité physique.

C'est au médecin généraliste bien formé ou au psychiatre qu'il appartient de discerner et protéger :
- La personnalité psychopathique, ou antisociale : impulsive, agressive, imprudente, avide d'ivresses ;
- L'incapacité de résister aux impulsions dangereuses. Même en l'absence d'accident, l'apaisement consécutif est mêlé d'un sentiment de culpabilité. Le faire remarquer à l'intéressé.

Aux médecins du sport d'être attentifs à leur indépendance professionnelle. Certes, ils sont sensibles au dopage. Ils savent qu'un roi du vélo en est mort avant 35 ans.

Je suggère que ces médecins du sport reçoivent une nouvelle mission : suivre les athlètes, avec l'agrément de leurs médecins traitants, pendant un à deux ans après l'abandon de la compétition. Ainsi seront-ils en mesure d'évaluer les toxicomanies et les autres dommages psychiques et physiques consécutifs à cet abandon.

L'opinion poussera-t-elle à diminuer très progressivement les subventions publiques aux sports qui estropient,
et à dédommager la Sécurité Sociale au-delà de ce que règlent les assurances ? Cela, sachant que beaucoup d'accidents sportifs sont mal assurés.

La Sécurité Sociale obtiendrait-elle de récupérer le triple de ses débours après tout accident dans une manifestation sportive bénéficiant de publicité ou parrainages ?

D'autre part, après tout accident mortel ou laissant une incapacité de six mois, imposerait-on reverser un pourcentage de la publicité et des parrainages au profit des mesures et de l'information en faveur des sports de santé et de plaisir ?
Les primes d'assurances seraient ajustées en conséquence.

Suggestions pour les gouvernements

Ces suggestions comportent :
- une enquête de l'INSERM sur l'envers des Jeux Olympiques précédents,
- une réflexion prospective sur les coûts/efficacité des futurs records,
- un débat sur cette enquête et cette prospective,

- éventuellement un désengagement progressif,
- l'affectation d'une partie des économies aux sports de santé.

1, Une enquête de l'INSERM sur l'envers des Jeux Olympiques.

L'INSERM (Institut National de la Santé et de la recherche Médicale) dépend du ministre de la santé, qui pourrait le prier d'organiser une enquête limitée aux dommages physiques et psychiques déterminés, lors des seize dernières années, lors de la préparation en France et lors des Jeux, ainsi que par les abandons ultérieurs du sport par les athlètes.
Les résultats seraient communiqués aux médias en même temps qu'au gouvernement qui ne dispose, jusqu'à présent, de rien d'équivalent.

2, Une réflexion prospective sur les coûts/efficacité des futurs records.

3, Un débat sur ces faits et cette prospective

À ce débat seraient conviés avec un poids égal trois instances : celles de la santé, celles des milieux sportifs avec leurs partenaires et celles des finances de l'état et des collectivités locales. Les propositions divergentes versées au débat seraient communiqués aux médias en même temps qu'au gouvernement.

4, Éventuellement, un désengagement progressif.

Bien entendu, l'objectif ne serait pas la prohibition des compétitions, mais par exemple une réduction des trois quarts des dommages physiques et psychiques déterminés par la préparation et le déroulement des Jeux ultérieurs.

Un précédent est encourageant : on a réussi à diminuer de moitié les blessés et les morts de la route. Il a fallu communiquer pendant des années pour que l'opinion tolère chaque décret.

Compte tenu des intérêts de toutes sortes qui gravitent autour des sports de compétition, la dépense publique affectée à ces sports serait réduite chaque année de 5% jusqu'à atteindre cet objectif.

5, Affecter une partie des économies aux sports de santé.

Edifier et doter en personnel de nombreuses piscines bien accessibles, avec des heures d’ouverture distinctes de celles destinées aux scolaires et aux athlètes, afin que le grand public y soit à l’aise pour la nage de fond.

Le ministère affirmerait sa mission de santé en invitant par priorité dans ces piscines les innombrables arthrosiques, les estropiés du sport et les femmes enceintes.

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