Chez les anxieux et
les insomniaques, les
médicaments s'épuisent vite et leurs effets
secondaires ne sont pas négligeables. Les sports
de santé permettent de réduire leurs doses
ou d'en réserver la prescription aux cas les plus
extrêmes.
Ces sports ne diminuent
pas seulement la tentation du tabac, mais aussi celles
de l'alcool et des drogues illicites.
Chez les malades de l'alcool
après sevrage, le sport réduit
l'anxiété et il réduit le risque
de rechutes (Vanderheyden).
Chez les agressifs,
les sports servent-ils d'exutoire (Scotto) ?
Chez les moroses, les petits
déprimés et chez les personnes inhibées
dans leurs contacts sociaux ou professionnels, les bienfaits
sont similaires.
Montrer de quoi l'on est capable est un tremplin
de reconnaissance sociale, très utile pour restaurer
l'estime de soi.
Chez les adolescents, la
dépression, le désespoir et les comportements
suicidaires sont en raison inverse des activités
physiques (Taliaferro). Le narcissisme ne devient démesuré
que chez les champions, c'est-à-dire chez ceux qui
sont sortis du cadre des sports de santé.
La prévention
du suicide passe-t-elle par le sport ? C'est
l'objectif du programme scolaire australien Sports
Challenge. Le basket-ball et d'autres sports y
servent de tremplin pour développer le savoir-vivre :
surmonter le stress, se fixer des buts réalistes,
résoudre les problèmes et conflits, renforcer
les liens familiaux et communautaires, demander aide aux
adultes en cas de besoin et, par ces réussites,
gagner la confiance en soi.
Ce programme a été
appliqué durant 18 heures à des milliers d'enfants
repérés comme étant "à
risques", c'est-à-dire ayant manifesté
une piètre estime d'eux-mêmes, des sentiments
d'infériorité, de honte, de culpabilité
ou d'incertitude identitaire. Au terme du programme, qui
a beaucoup plu, on a évalué s'ils se sentaient
mieux avec : eux-mêmes, les autres, l'école
et la famille.
L'amélioration moyenne
a été estimée à 44% chez les
enfants âgés de 6 à 11 ans
et à 18% entre 12 et 16 ans. Elle a été
durable. Les progrès ont été plus
marqués à Singapour qu'en Australie, où
l'éducation vise moins l'excellence académique.
Ainsi, le Défi sportif a réduit les
symptômes annonciateurs du suicide chez des enfants
prédisposés (Tester). Quant à savoir
si l'incidence des suicides ou des tentatives s'en trouve
diminuée, il reste à entreprendre des essais
comparatifs.
On peut se moquer de la maniaquerie
de certains sportifs, par exemple dans leurs préparatifs.
Ce serait oublier que les défenses obsessionnelles
sont les meilleures qui soient, quand elles fonctionnent
bien. Provisoirement, respectons-les.
Le grand âge
expose au repli sur soi. La convivialité sportive
est alors bienfaisante.
Chez l'enfant,
bien des sports améliorent la coordination dans le
temps et l'espace, ainsi que le respect des règles
et des autres. Les adolescents deviennent moins querelleurs.
La concentration et les résultats scolaires sont nettement
meilleurs quand le programme hebdomadaire comprend cinq heures
de sport.
Les responsables des programmes scolaires en tiennent-ils
compte ?
Dommage que l'on n'ait pas recherché si c'est pareil
chez les adultes rivés à leurs bureaux.
En somme, répétons
le dicton scandinave :
Personne n'est en
assez bonne santé pour se permettre d'être
sédentaire. C'est
tout aussi vrai pour la santé mentale que pour la
santé physique.
Pour les finances
de la Sécurité Sociale et des compagnies
d'assurances, les bienfaits physiques et psychiques des sports
de santé compensent-ils les gouffres des sports de
compétition ? Il serait temps de le calculer.