Les
troubles de la motricité digestive
Jai réalisé
les premiers enregistrements électroniques de la
pression et du ph dans le tube digestif en France grâce
au matériel réuni par le Pr. Charles Debray.
Jai synchronisé ces enregistrements avec la
radiocinématographie grâce au Dr. E. Chérigié.
Il mest venu lidée dutiliser le
bord latéral de lécran pour y coller
une échelle graduée transparente flanquée
dun carton blanc. En face de ce carton jai installé
deux galvanomètres à miroir connectés
à mes capteurs de pression ou à une électrode
de verre mesurant le pH, portée par un tube souple.
Ainsi est née la Cinéradiométrie.
Avant elle, on ignorait à quels mouvements des parois
digestives, à quels déplacements de leur contenu
correspondaient les ondes de pression et de pH sur les tracés.
- Besançon F, Chérigié E,
Hébert F, Debray C:
La cinéradiométrie. Synchronisation
de la radiocinématographie avec lélectromanométrie
et la pHmétrie : lecture directe des mesures
endocavitaires sur les films de lsophage, du
bulbe duodénal, de lintestin grêle et
du cholédoque.
Compt Rend Soc Biol 1961; 155: 291-293
- Besançon F, Debray C, Chérigié E,
Hébert F:
La cinéradiométrie. Enregistrement
simultané sur les films radiocinématographiques
de diverses mesures physiques (pression, pH, etc.). Application
à la physiologie et à la physiopathologie
sophagienne, duodénale, jéjunale et
biliaire chez lHomme.
Arch Mal App Dig 1961; 50: 879-884
Mes investigations
ont concerné le méga-oesophage ("achalasie"),
les maladies de l'oesophage avec lésions nerveuses,
la phonation oesophagienne des laryngectomisés,
l'hypertonie "essentielle" du cardia, la pression
et le pH lors du reflux gastro-oesophagien, le rythme
de l'intestin grêle au cours de la digestion normale
et du dumping syndrom des gastrectomisés, le ralentissement
de l'évacuation gzstrique au cours du syndrome
hiatal, enfin le reflux duodéno-gastrique.
1, Lachalasie
(méga-sophage), interprétation nouvelle :
le spasme réactionnel
en anglais : Achalasia?
Rather a reactive cardiospasm
Pendant deux ans,
je nai su que confirmer les signes décrits
par léquipe américaine de Code :
labolition du péristaltisme, une pression normale
dans le sphincter inférieur de loesophage et
labsence de relaxation de ce sphincter à la
déglutition (achalasie). Un jour, jai
eu la surprise de trouver une pression élevée
dans le sphincter. Mal à son aise, le malade a régurgité
la salive et le mucus qui encombraient son sophage.
Reprenant aussitôt les mesures, jai constaté
que son cardiospasme avait disparu. Il ne me restait quà
prendre une grosse seringue et à lui remplir lsophage
de liquide : jai fait reparaître le cardiospasme.
Javais mis au jour une inversion de la réaction
normale au remplissage de lsophage, laquelle
est une relaxation du sphincter.
Ainsi ai-je soutenu
que le mégasophage sinterprète
comme un cardiospasme réactionnel.
Les Américains ne lavaient pas vu parce quil
nutilisaient comme stimulus que la déglutition
volontaire et non la réplétion. Mes tracés
recueillis dans 72 cas, en utilisant cinq cathéters
à orifices terminaux espacés de 1 cm,
ont montré que le cardiospasme réactionnel
est net pendant les premiers mois ou années de
la maladie, pour sestomper au stade invétéré :
le sphincter est alors sclérosé, inerte,
rétréci.
Antérieurement,
dautres Américains avaient découvert
que lacétyl-bêta-méthylcholine,
un dérivé stable de lacétylcholine
qui contracte les muscles lisses, produisait un effet spectaculaire
dans le méga-sophage : régurgitations
du contenu accumulé, crampes sophagiennes.
Jai eu lidée de recourir à une
dose minime de ce produit, dont le seul effet a été
de majorer grandement la pression intrasphinctérienne
lors de la réplétion et de faire apparaître
le spasme réactionnel à la suite de la simple
déglutition. Ainsi, le stimulus chimique sensibilisait
au stimulus mécanique.
Jai soutenu que le méga-sophage sexpliquait
par une hyperexcitabilité mécanique et
chimique, dans le cadre de la loi de dénervation
formulée en physiologie par Claude Bernard en 1872
et confirmée aux USA par Cannon en 1939.
Cette interprétation
concorde avec les lésions de destruction des cellules
nerveuses dans le bas-sophage, connues de longue
date. Jen ai profité pour classer les maladies
de lsophage avec lésions nerveuses,
dans la tradition anatomo-clinique française, plutôt
que de parler des troubles moteurs sophagiens
dans lesprit des physiologistes américains.
- Besançon F,
Janin B, Debray C:
Physiopathologie du méga-sophage. Le cardiospasme
réactionnel.
Arch Mal App Dig 1962; 51: 1543-1555
- Besançon F, Janin B, Debray C:
Le méga-sophage, cardiospasme réactionnel.
Données électromanographiques et cinéradiométriques.
Sem Hôp 1962; 38: 1555-1564
- Besançon F:
Technical changes leading to a new theory to replace esophageal
achalasia.
Am J Dig Dis 1968; 13 (4): 361-367
2, Les maladies
de lsophage avec lésions nerveuses
Séduits par
les résultats des techniques physiologiques, les
médecins anglophones proposaient une classification
physiologique des troubles moteurs sophagiens.
Au Congrès de Bruxelles en 1964, jai opté
pour la tradition anatomo-clinique en classant
les maladies de lsophage avec lésions
nerveuses : lésions intrinsèques,
tronculaires ou centrales.
- Besançon F:
Les maladies de lsophage avec lésions
nerveuses.
VII° Congrès Internat Gastro-entérol,
Bruxelles 1964. Bruxelles, Impr Sc 1964: 11-24
3, La phonation
sophagienne des laryngectomisés.
Grâce à
B. Vallancien, quatre laryngectomisés ont accepté
la cinéradiométrie. En mesurant
simultanément la pression dans lsophage,
lestomac et la trachée ouverte au cou, jai
établi que lexpulsion de lair nétait
pas produite par le muscle sophagien, mais par une
contraction volontaire simultanée de la paroi thoraco-abdominale,
le diaphragme restant passif.
Oesophageal phonation
after laryngectomy: mechanism studied by cineradiometry
- Vallancien B,
Besançon F, Dinville C, Chérigié E,
Hébert F:
La voix sophagienne : étude cinéradiométrique
de lexpulsion de lair.
IV° Congress of phonetic sciences, Helsinki 1961.
La Haye, Mouton 1962 pp. 299-306 (70, 71, 106
- Besançon F, Hébert F, Deporte A,
Chérigié E, Debray C:
La cinéradiométrie. Synchronisation de la
radiocinématographie avec lélectromanométrie
et la pHmétrie endocavitaires digestives.
Rev Méd Internat Photo Ciné Télé
1963; 2 (3): 84-89
4, Lhypertonie
essentielle du cardia est-elle toujours essentielle ?
Elle a été
décrit à Louvain en 1959 par Vantrappen comme
un syndrome électromanométrique. Je ne la
conteste pas, mais il ma fallu signaler que les tracés
ont été identiques dans quatre cas de cancer
de la région. On ne peut donc pas se fier aux seuls
tracés pour porter un diagnostic.
- Debray C, Besançon F, Janin B:
Le diagnostic de lhypertonie essentielle du
cardia. Syndrome électromanographique similaire
dans quatre cas de cancer.
Sem Hôp 1962; 38: 1565-1568
5, Le reflux gastro-sophagien :
tracés de la pression et du pH
Avec J.P. Baujat,
nous avons trouvé plusieurs signes électromanographiques
nouveaux de ce reflux et de la hernie hiatale. Par la suite,
la pHmétrie sophagienne a pris un développement
peut-être démesuré.
- Besançon F, Baujat JP, Debray C:
Le reflux gastro-oesophagien : étude pHgraphique
et électromanographique.
Sem Hôp 1962; 38: 1569-1576
6, Le rythme de
lintestin grêle après gastrectomie
Les pressions après
un repas lacté, enregistrées avec laide
de J.P. Fillastre dans 22 cas, ont manifesté
un rythme intestinal normal, confirmant lautonomie
de la motricité intestinale par rapport à
celle de lestomac.
The rhythm of
the efferent loop in gastrectomised patients after a meal
- Besançon F, Fillastre JP, Debray C:
Le rythme de lanse efférente chez les gastrectomisés,
à jeun et après repas dépreuve
(électromanographie et pHgraphie).
Arch Mal App Dig 1964; 53 (6): 669-678
7, Le dumping
syndrom après gastrectomie
Avec Jean Saleh,
jai étudié 29 cas de dumping, en
comparant leffet dun repas usuel, dune
ingestion provocatrice de glucose à 50 % et dune
injection de sérotonine. Aux tracés digestifs,
nous avons associé lélectrocardiogramme
en position debout, lenregistrement des mouvements
respiratoires et des prises de sang. La sérotonine
a bien déterminé un malaise, mais sans le
besoin de sallonger caractéristique du dumping,,
à la différence du repas et du glucose. La
sérotonine nest donc pas le seul médiateur
du dumping.
- Debray C, Besançon F, Buchet R,
Emerit J, Saleh J:
Sérotonine et motricité de lintestin
grêle chez lHomme normal et les gastrectomisés.
Données électromanographiques et radiologiques.
Symposium Sérotonine et motricité digestive,
Vivhy 1968. Vichy, Wallon 1970: 145-153
8, Lors du syndrome
hiatal, lévacuation gastrique est ralentie
Avec G. Potier,
nous avons trouvé quen cas de hernie hiatale
avec syndrome hiatal lévacuation gastrique
était fortement ralentie. La moitié de 750 ml
deau ingérée sévacuait
en 52 minutes au lieu de 22,5 minutes chez les témoins.
Ce fait, non encore signalé, incitait à considérer
que les pénibles reflux et brûlures du bas
sophage nétaient pas seulement dus à
une anomalie locale, la hernie hiatale, mais aussi à
un ralentissement de lévacuation de lestomac
à travers le pylore.
- Potier G, Besançon F :
La vitesse de lévacuation gastrique, mesurée
par dilution dun indicateur coloré. Ralentissement
dans la hernie hiatale avec symptômes. Accélération
par les eaux minérales bicarbonatées sodiques.
Presse Therm Clim 1974; 111: 102-104
9, Le reflux duodéno-gastrique
de bile
Avec A. Béhar,
jai rendu radio-active la bile par le Rose Bengale
radio-marqué au Technetium, et jai incliné
légèrement le malade la tête plus bas
que les pieds. Alors, la bile refluée dans lestomac
se logeait en haut de celui-ci, ce qui la dégageait
des superpositions de lintestin. Ainsi peut-on mesurer
le reflux duodéno-gastrique au cours de la digestion
dun repas réel. Le reflux risque néanmoins
dêtre sous-estimé après gastrectomie,
parce que le moignon gastrique laisse peut-être échapper
aussitôt la bile refluée.
Duodeno-gastric
reflux of bile quantitated without intubation
- Besançon
F, Béhar A, Echard M, Vernochet MH:
Mesure du reflux duodéno-gastrique de bile par
une méthode nouvelle sans intubation au rose
Bengale radio-iodé.
Gastroentérol Clin Biol. 1978; 2: 521-526
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