Drogues, à qui parler

et quand ?

Drogues : aucun n'est à l'abri.

Certains sont plus vulnérables

Révision : 06.07.2013         Translate

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Cinq points essentiels :


• Drogues : aucun n'est à l'abri
• Certains sont-ils plus vulnérables ?
• C’est à 11-12 ans que l’enfant est le plus réceptif.
• Pour se donner assez de temps avec lui à cet âge, lui apprendre à faire la cuisine.
• Associer enseignants et familles

Sommaire

• Drogues : à qui parler ?
• Drogues : quand parler ?

• Drogues : à qui parler ?

Aucun enfant n'est à l'abri de la menace, en ville comme à la campagne. Les enfants se voient offrir du cannabis avec du tabac dès l'entrée en collège. En Ile de France, chez les jeunes usagers problématiques, l’âge moyen du premier usage du tabac était à 13 ans ; du cannabis à 14 ans ; la première ivresse à 15 ans (Dorard). Vers l'âge de 18 ans, un jeune sur dix consomme du cannabis tous les jours, un sur cinq est consommateur habituel d'alcool.

Les jeunes sont curieux, ils aiment se dépasser, les sensations fortes et le risque leur plaisent, par exemple le ski hors piste. Admettre ce qu’il y a là de positif.
En contrepartie, les adolescents comme les adultes supportent de moins en moins les frustrations. Au lieu d’y faire face, ils consomment des substances psychotropes.

Les psychiatres ont le mérite de discerner les adolescents les plus vulnérables, mentionnés ci-dessous.
Néanmoins, ce
qui rend le plus vulnérable, c’est le fait d’être adolescent . La plupart des ados accrochés le sont devenus comme des moutons. C'est pourquoi les trafiquants de drogues comme les professionnels du tabac et de l'alcool visent les adolescents.

Les ados sont moutons de leurs groupes. C’est physiologique. Pour tenir ensemble sur notre planète, nous ne pouvons plus rester chasseurs-cueilleurs. Il est normal que les adolescents se différencient dans leurs rôles futurs, donc qu’ils se différencient de leurs parents. Perdant un point d’appui, l’adolescent en cherche un dans un groupe. La liberté qu’il garde, c’est le choix de son groupe.

Certains sont-ils plus vulnérables ?

Oui, si leurs parents sont consommateurs de drogues, tabac, alcool, tranquillisants ; ou atteints par le chômage, la misère, des discordes, des maladies chroniques, des troubles psychiques ; ou séparés.

Oui, si les conversations en famille sont insignifiantes ou remplacées par des heures passées devant des écrans, ce qui donne aux jeunes l'impression d'être rejetés et l'envie de prendre les stars comme modèles.

Oui, si leur caractère est dépressif. La dépression est une maladie fréquente : une personne sur cinq en est atteinte au cours de sa vie. Il est fréquent qu’elle ne soit ni soupçonnée ni diagnostiquée, notamment chez les enfants et les personnes âgées. La dépression, surtout dans sa forme “bipolaire”, avec alternance de périodes d’exaltation, rend plus vulnérable aux toxicomanies (alcoolisme compris) et au suicide.

Oui, si leur caractère est hypersensible, timide, angoissé, instable, impulsif, intolérant aux frustrations, amateur de sensations fortes ou d'émissions violentes à la télévision (Brook) ; agressif ; atteint d'hyperactivité avec déficit de l'attention (Niemelä). Les sujets impulsifs ont un risque accru de se droguer et les drogués ont un risque accru d’impulsivité (Perry). Chez les jeunes atteints d’hyperactivité-impulsivité, inattention, agressivité, l’initiation au tabac est précoce et souvent suivie de consommations de drogues illicites (Korhonen). Beaucoup trop d'enfants ne bénéficient pas du diagnostic qui expliquerait leurs troubles.

Oui, en cas de conduites à risques : fugues, conduites routières périlleuses, rapports sexuels non protégés, sauts à l’élastique, transgressions trahissant une impulsivité, une instabilité relationnelle et des fantasmes ordaliques comme ceux des joueurs.

Oui, s'ils prennent les drogues pour des médicaments. Nombreux à vouloir s’évader de leurs problèmes, ils s’exposent à les retrouver aggravés.

Oui, s'ils sont fascinés par les "drogues sans drogues", par exemple accrochés durablement aux écrans. Les jeunes “accrochés” à l’Internet sont plus souvent atteints de dépression que les autres (Young), avec les risques mentionnés plus haut. Ce fait incitera à dépister la dépression dans les autres cas de “drogues sans drogues”, c’est-à-dire de fascination excessive pour les jeux de hasard, les jeux vidéo, les sports de compétition, le travail etc.

Oui, si leur environnement est marqué par l’argent facile ("il a tout pour être heureux"), mais la drogue a des jambes : elle va tout droit à l'argent. Il a fallu attendre 2009 pour que le rôle de l’argent de poche soit étudié. En Caroline du nord, quand il dépasse la moyenne, la fréquence des ivresses double (Martin).

Oui, s'ils suivent comme des moutons les publicités et désinformations issues du crime organisé (y compris sur Internet) ; ou l’entraînement par des camarades.

Oui, en cas de harcèlements, agressions sexuelles, secrets de famille perturbants, ou deuils qui les incitent à s'évader de leurs problèmes. Le risque de toxicomanie est très accru chez les personnes ayant souffert de détresse post-traumatique, souvenir qu’ils taisent et dont il faut s’enquérir. À leur tour, les toxicomanes ont un risque traumatique très accru (Fidelle).

Les femmes dont la première expérience sexuelle a été un viol ont un risque accru de devenir droguées, d’avoir des partenaires multiples et d’être contaminées par le virus HIV (Stockman).
Les femmes qui ont avorté ont un risque accru d'être atteintes par l'alcool et les drogues, sauf celles qui vivent avec le père du foetus (Pedersen).

Les usagers de “boissons énergisantes” sont aussi buveurs excessifs et usagers de drogues illicites (Arria).

• Drogues, quand parler de cannabis et autres drogues ?

• La prévention de masse commence en famille

C'est à l'âge de 11 ans que l'enfant est le plus réceptif.
Avant, il est rarement intéressé (Benigno-Angel). Après, il n'a peur de rien et il croit rarement ce qu'on lui dit…  
Parler en famille va bien au-delà d'informer mais, quand il s'agit d'informer, la période utile est bien courte et i
l faudra que l'ambiance s'y prête.
Cet âge de 11 ans est encore privilégié pour deux raisons :
Plus tôt un jeune est initié à une drogue illicite ou non, plus il est facilement accroché, dépendant. Les industriels et les trafiquants le savent. Leur publicité occulte ou non vise les enfants de 12 ans.
C'est entre 11, 13, et 15 ans que les augmentations augmentent le plus vite (Godeau).

Les parents ont-ils le temps d’amener la conversation sur les drogues ? La répétition est la base de l’enseignement. La répétition est aussi la base de la prévention (Miller).

Les enfants vivent dans un tourbillon. Les parents aussi vivent dans un tourbillon, du moins en ville. Pour se donner du temps avec son enfant de 11 ans, fille ou garçon, ma proposition est de lui apprendre à faire la cuisine.
Si les parents n’en ont pas le temps, pourquoi pas les grands-parents ?

Cela donne le temps de mettre la conversation sur les aliments qu’on juge sains ou moins sains, puis d’en venir naturellement au tabac, à l’alcool, aux drogues. Cela, tout en évitant le style professoral ? Plutôt dire : “Que répondrais-tu si un camarade te disait que… ?

Les adolescents sont attirés par toute nouveauté, se croient inoxydables et détestent qu’on les baratine. Plutôt remplacer les discours par l’apprentissage silencieux des gestes du secourisme. Libre à chacun de se découvrir fragile et solidaire.
On peut trouver un terrain d'entente : le refus du suicide (Bailly). De là, à quel degré se mettre en danger ? Est-il si difficile de résister à la pression des camarades ?

Les grands-parents, parlant avec l'accord des parents, sont souvent efficaces, parce qu'il n'y a pas de conflit entre l'adolescent et eux.

• Associer enseignants et familles

Trop de familles s'imaginent que la prévention sera mieux faite par l'école que par eux-mêmes. Quant à s’en remettre aux médias, quels sont leurs messages favoris sur les drogues  ?
En France, rares sont les enseignants ardents à la prévention. Est-ce un déficit de formation ? Le désir d'éviter tout conflit avec des collègues fumeurs de cannabis ?
Même si l’école fait un effort, elle le fait trop tard, et sans succès si les parents ne sont pas impliqués.

Quand elle tente d’impliquer les parents, seule une minorité d’entre eux participe.
Aux Etats-Unis, des centaines de "programmes de prévention" ont été proposés aux écoles. On a été déçu par les programmes visant à augmenter les connaissances, et par les programmes "alternatifs", se limitant à développer l'estime de soi, les sports, les arts. Les meilleurs sont interactifs : discussions de groupes et jeux de rôles. (Tobler). Une des conditions de leur efficacité est d'impliquer les parents (Cuijpers, et références 31 à 54 de la revue de Peters).

Les parents sont d’autant plus réceptifs aux messages éducatifs que leur vie est plus précaire. Plus un établissement d’enseignement est huppé, moins les parents d’élèves répondent aux invitations à des débats sur les drogues.

La plupart des “programmes scolaires” américains ne visent pas la “prévention universelle”, celle qui revient surtout aux familles, mais la “prévention sélective”, pour les groupes exposés à un risque élevé : enfants de drogués, adolescents sous main de justice.
Ces programmes de prévention sélective sont onéreux et lourds, comme le “Strengthening Families Program” de K. Kumpfer. Ils sont destinés aux établissements d’enseignement plutôt qu’aux parents. Leur efficacité aurait été modeste (Cuijpers, Peters, Foxcroft, Tobler).

En France, il a été simple d'associer les familles et les enseignants. Recevant l’appel d’EPE 77 sud (Ecole des Parents et des Educateurs) à parler devant des jeunes à Fontainebleau, j’ai obtenu de convoquer les élèves de CM2 pour deux motifs. Dès l’âge de 11 ans, le sujet les intéresse et ils se sont portés volontaires en masse ; dès l’entrée au collège, ils seront face aux trafiquants.

Ainsi, le 26 mai 09 de 14.30 à 16h, j’ai eu le bonheur d’être en face d’une quarantaine de CM2, d’autant d’élèves de sixième et d’une vingtaine d’élèves de cinquième, accompagnés de leurs enseignants. Les mégots sur les trottoirs ont été le point de départ, car ils en avaient tous vu. Ces mégots attestaient la perte de liberté des personnes incapables de rester une demi-journée sans nicotine. Les enfants ont participé sans cesse et ce fut adorable.

Devant rencontrer leurs parents et autres adultes le même jour à 20.30, il m’a paru honnête de les informer de ce qui avait retenu l’intérêt des enfants et des enseignants. Pour cela, entre 16.15 et 17.30, j’en ai rédigé le canevas sur un site aussitôt mis sur la toile et dont j'ai communiqué l'url aux parents :
Les 11-13 ans face aux drogues

Tout aussi bénévolement, en mars-avril 2010, j’ai rencontré 180 élèves âgés de 12 ans en moyenne, avec leurs enseignants. Avant de rencontrer leurs parents, j’ai résumé les débats dans ce site de manière à ce que les parents sachent ce qui avait été débattu avec leurs enfants.

Trois questionnaires d’évaluation ont été remis : aux enfants, aux enseignants et aux parents. Ils visaient notamment à révéler si les enfants avaient parlé des drogues à leurs enseignants et à leurs parents, et si c’était pour la première fois. Un enfant sur quatre a révélé que c’était la première fois qu’il avait eu l’occasion d’en parler avec ses parents. Les parents craignent-ils d'en parler faute d'être assez informés ?

Une action similaire pourrait-elle se rééditer, grâce aux relations des lecteurs de cette page dans les écoles, les mairies et les associations ? Et grâce à des sites Internet, comme :
Le Phare 69. Familles face à la drogue
Pour une jeunesse sans drogue
Stop à la drogue
Vigilance. Pour une vie sans drogues
EDVO, Espoir du Val d'Oise
Parents contre la drogue
Marilou
CNID, Comité national d'information sur la drogue
Drogue-danger-débat
Saint Jean Espérance

   
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