Drogues : à qui parler ?
Aucun enfant n'est à
l'abri de la menace, en ville comme à la campagne.
Les enfants se voient offrir du cannabis avec du tabac dès
l'entrée en collège. En Ile de France, chez
les jeunes usagers problématiques, lâge
moyen du premier usage du tabac était à 13 ans ;
du cannabis à 14 ans ; la première
ivresse à 15 ans (Dorard). Vers l'âge
de 18 ans, un jeune sur dix consomme du cannabis tous
les jours, un sur cinq est consommateur habituel d'alcool.
Les
jeunes sont curieux, ils aiment se dépasser, les
sensations fortes et le risque leur plaisent, par exemple
le ski hors piste. Admettre ce quil y a là
de positif.
En contrepartie, les adolescents comme les adultes supportent
de moins en moins les frustrations. Au lieu dy faire
face, ils consomment des substances psychotropes.
Les
psychiatres ont le mérite de discerner les adolescents
les plus vulnérables, mentionnés ci-dessous.
Néanmoins, ce qui
rend le plus vulnérable, cest
le fait dêtre adolescent . La plupart des
ados accrochés le sont devenus comme des moutons.
C'est pourquoi les trafiquants de drogues comme les professionnels
du tabac et de l'alcool visent les adolescents.
Les
ados sont moutons de leurs groupes. Cest physiologique.
Pour tenir ensemble sur notre planète, nous ne
pouvons plus rester chasseurs-cueilleurs. Il est normal
que les adolescents se différencient dans leurs
rôles futurs, donc quils se différencient
de leurs parents. Perdant un point dappui, ladolescent
en cherche un dans un groupe. La liberté quil
garde, cest le choix de son groupe.
Certains sont-ils plus vulnérables ?
Oui, si leurs parents
sont consommateurs de drogues, tabac, alcool, tranquillisants ;
ou atteints par le chômage, la misère, des
discordes, des maladies chroniques, des troubles psychiques ;
ou séparés.
Oui, si les conversations
en famille sont insignifiantes ou remplacées par
des heures passées devant des écrans,
ce qui donne aux jeunes l'impression d'être rejetés
et l'envie de prendre les stars comme modèles.
Oui, si leur caractère
est dépressif. La dépression est une
maladie fréquente : une personne sur cinq en
est atteinte au cours de sa vie. Il est fréquent
quelle ne soit ni soupçonnée ni diagnostiquée,
notamment chez les enfants et les personnes âgées.
La dépression, surtout dans sa forme bipolaire,
avec alternance de périodes dexaltation, rend
plus vulnérable aux toxicomanies (alcoolisme compris)
et au suicide.
Oui, si leur caractère
est hypersensible, timide, angoissé, instable,
impulsif, intolérant aux frustrations, amateur
de sensations fortes ou d'émissions violentes à
la télévision (Brook) ; agressif ;
atteint d'hyperactivité avec déficit de
l'attention (Niemelä). Les sujets impulsifs ont un
risque accru de se droguer et les drogués ont un
risque accru dimpulsivité (Perry). Chez les
jeunes atteints dhyperactivité-impulsivité,
inattention, agressivité, linitiation au
tabac est précoce et souvent suivie de consommations
de drogues illicites (Korhonen). Beaucoup trop d'enfants
ne bénéficient pas du diagnostic qui expliquerait
leurs troubles.
Oui, en cas de conduites
à risques : fugues, conduites routières
périlleuses, rapports sexuels non protégés,
sauts à lélastique, transgressions trahissant
une impulsivité, une instabilité relationnelle
et des fantasmes ordaliques comme ceux des joueurs.
Oui, s'ils prennent les
drogues pour des médicaments. Nombreux à
vouloir sévader de leurs problèmes,
ils sexposent à les retrouver aggravés.
Oui, s'ils sont fascinés
par les "drogues sans drogues", par exemple accrochés
durablement aux écrans. Les jeunes accrochés
à lInternet sont plus souvent atteints de dépression
que les autres (Young), avec les risques mentionnés
plus haut. Ce fait incitera à dépister la
dépression dans les autres cas de drogues sans
drogues, cest-à-dire de fascination excessive
pour les jeux de hasard, les jeux vidéo, les sports
de compétition, le travail etc.
Oui, si leur environnement
est marqué par largent facile ("il
a tout pour être heureux"), mais la drogue
a des jambes : elle va tout droit à l'argent. Il
a fallu attendre 2009 pour que le rôle de largent
de poche soit étudié. En Caroline du nord,
quand il dépasse la moyenne, la fréquence
des ivresses double (Martin).
Oui, s'ils suivent
comme des moutons les publicités et désinformations
issues du crime organisé (y compris sur Internet) ;
ou lentraînement par des camarades.
Oui, en cas de harcèlements,
agressions sexuelles, secrets de famille perturbants,
ou deuils qui les incitent à s'évader
de leurs problèmes. Le risque de toxicomanie est
très accru chez les personnes ayant souffert de
détresse post-traumatique, souvenir quils
taisent et dont il faut senquérir. À
leur tour, les toxicomanes ont un risque traumatique très
accru (Fidelle).
Les femmes dont la
première expérience sexuelle a été
un viol ont un risque accru de devenir droguées,
davoir des partenaires multiples et dêtre
contaminées par le virus HIV (Stockman).
Les femmes qui ont avorté ont un risque accru
d'être atteintes par l'alcool et les drogues, sauf
celles qui vivent avec le père du foetus (Pedersen).
Les usagers de boissons
énergisantes sont aussi buveurs excessifs
et usagers de drogues illicites (Arria).